Tous les regards sont tournés vers les 15 et 22 mars, dates de l’élection reine dans les collectivités : les municipales. Assistera-t-on, comme lors du cru de 2014, à une grande vague de « dégagisme » ? Non, d’après les enquêtes d’opinion menées dans les grandes villes selon lesquelles le scrutin devrait, tout au contraire, accorder une prime au sortant. Plus une commune est importante, plus les considérations nationales entrent en ligne de compte.
Une équation qui ne fera pas forcément les affaires de La République en marche. La cote de popularité d’Emmanuel Macron a, en effet, connu des jours meilleurs… Mais dans un paysage politique atomisé, il est, malgré tout, difficile d’y voir très clair. En particulier pour le « troisième tour » des municipales, les élections intercommunales, qui dépendent de dosages subtils, entre solidarité politique et préservation des intérêts territoriaux.
Les DGS sur un siège éjectable
Les directeurs généraux des services (DGS) savent, pour la plupart, qu’ils sont assis sur un siège éjectable. La reconduction de leur maire ou de leur président d’interco n’est plus une garantie de stabilité. « C’est le syndrome du nouveau souffle », a coutume d’expliquer le DGS Pierrick Lozé, auteur du savoureux essai « Maire-DGS : le couple infernal » (Territorial éditions, 2010).
Le Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales (SNDGCT) veille déjà au grain. La période est tendue. « On nous demande, à l’approche des élections, de tout faire vite et bien, glisse Pierrick Lozé. Et quand on transmet, conformément à la loi, des documents à l’opposition, c’est mal perçu par les élus majoritaires. Tout est parfois surinterprété. »
Bataille sur le terrain des valeurs
Les esprits sont particulièrement tendus dans les 193 communes de plus de 3 500 habitants où le Rassemblement national a passé la barre des 40 % aux européennes de mai. D’où le retour d’un débat qui était déjà très prégnant à la veille du scrutin de 2014.
L’arrivée d’un maire issu du parti de Marine Le Pen « nous posera des problématiques sur le terrain des valeurs, fondement même de notre action au sein des collectivités dont nous assurons la direction », jugeait ainsi Jean-Baptiste Clerc, DGS. Autant d’arguments que l’administratrice territoriale Colette Lanson balayait, leur opposant le respect du suffrage universel et le devoir de réserve. Mais, selon Laurence Chenkier, membre du bureau et ex-vice-présidente du SNDGCT, « le DGS n’est pas qu’un manager de ressources humaines, de procédures et de projets ; il intervient sur un segment sociétal qui ne saurait s’abstraire de toute réalité politique. Le DGS n’est pas le DG du silence. C’est justement là toute la noblesse de ses fonctions ».
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Elections, décentralisation, statut… : accrochez-vous, ça va secouer en 2020 !
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