Moins incarnant et imposant que les anciens locaux de Charlie Hebdo ou l’épicerie Hypercacher, c’est un simple bout de bitume sur une route départementale qui, chaque année depuis le 8 janvier 2015 au matin, se transforme en un lieu de rassemblement.
Au-delà des gerbes de fleurs qui ont été déposées, deux plaques commémoratives se font face pour rappeler la mémoire de Clarissa Jean-Philippe, sur l’avenue Pierre-Brossolette qui sépare Montrouge de Malakoff. Cinq ans après, autant le maire de la ville des Hauts-de-Seine, Étienne Lengereau, que le ministre de l’Intérieur ont souligné l’exemplarité et le dévouement au travail de cette brigadière de 26 ans, assassinée à bout portant le 8 janvier 2015 par Amedy Coulibaly en pleine intervention sur un banal incident de circulation. “Face aux balles, il n’y a pas d’uniforme qui compte. Il n’y a que le courage et le sens du devoir”, affirme Christophe Castaner. A une dizaine de mètres d’eux, une rue de quelques numéros a été rebaptisée en son nom.
“26 ans, ce n’est pas un âge pour mourir. C’est un âge pour agir et vivre. Elle incarnait la France dans toute sa jeunesse et sa ferveur”, souligne le ministre de l’Intérieur, accompagné du secrétaire d’Etat Laurent Nuñez. “Un symbole de la vocation” pour ce métier où “ils sont en première ligne pour assurer la sécurité des citoyens”, abonde Étienne Lengereau qui rappelle que quatre jours après sa mort, la policière martiniquaise devait recevoir son diplôme pour être titularisée. En fin de discours, celui-ci a également mentionné le courage de deux agents de voirie qui étaient présents ce jour-là : Eric Urban, gravement blessé et Laurent Jeannel qui avait réussi à désarmer l’assaillant.
Dans le public composé d’une soixantaine de personnes, figurent le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, la maire de Malakoff, Jacqueline Belhomme, des parlementaires et des élus des collectivités ou encore l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes, Juliette Méadel, également candidate aux prochaines élections municipales à Montrouge. Mais aussi des policiers et des ASVP de la police municipale de Montrouge, désireuse de se montrer unie et mobilisée durant la minute de silence et la Marseillaise après le traumatisme de la mort de leur ancienne collègue.
Reconstruire l’équipe
“Après l’attentat, des personnes sont parties. C’était difficile pour l’équipe. Il y a eu des recrutements et nous sommes au nombre maintenant de vingt”, confie un brigadier qui préfère rester anonyme et avait travaillé avec Clarissa Jean-Philippe. Très ému, il voit en sa présence ce matin une nécessité pour “montrer que l’on pense à elle et que l’on n’oublie pas”.
Après l’arrivée d’un nouveau directeur en 2018 “pour reconstruire une équipe” marquée par des arrêts maladie à répétition, la police municipale forte de treize recrutements supplémentaires a emménagé dans de nouveaux locaux disposant également d’un centre de surveillance urbaine. “Une condition du recrutement de ce directeur a été aussi l’armement”, se remémore le maire. Chose faite depuis les six derniers mois avec la formation des agents au port d’armes.
Une décision qui apparaît comme emblématique alors que les événements dramatiques de 2015 avaient relancé le débat sur l’armement et la protection des policiers municipaux en France par rapport à leurs homologues de la police nationale. Cinq ans après, en plein déploiement de la police de sécurité du quotidien, les questions de sécurité locale et d’équipement des policiers, sans qu’il n’en ait été mention lors de la cérémonie, sont dans les esprits de beaucoup à l’approche de la prochaine campagne électorale.
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