Il y aura un avant et un après-Jean-Paul Delevoye, assurait un haut fonctionnaire cité par « Le Monde », le 16 décembre, au lendemain de la démission de l’ancien haut-commissaire aux retraites. Mais on nous avait déjà dit qu’il y aurait un avant et un après-Jérôme Cahuzac, François Fillon, Sylvie Goulard…
On nous le jure après chaque nouvelle loi anticorruption, de moralisation ou de transparence : c’en sera fini des comportements déviants qui choquent l’opinion et tout républicain qui se respecte.
Déontologie
Sauf qu’on n’en sort pas. Aucune loi, aucune procédure ne semblent venir à bout de la mauvaise foi des uns ou de la distraction des autres pour ne pas respecter les nouveaux standards de la déontologie de l’action publique, qu’elle concerne les élus ou les agents publics.
Il faut dire que le climat général ne plaide pas pour une rigueur « scandinave », les plus hauts responsables mettant en cause régulièrement les nombreux contrôles qui brideraient les énergies. Jusqu’au contrôle de légalité, qui entraverait des élus toujours vertueux.
En oubliant que, justement, s’il a été mis en place (comme les autres), c’est que tout le monde ne respecte pas les règles.
Une question de moyens
De surcroît, même les nouvelles règles, à supposer qu’elles soient parfaites sur le principe, ne s’accompagnent pas des moyens ad hoc.
Un bon connaisseur de la déontologie confie ainsi que, si la loi de transformation de la fonction publique a bien un chapitre dédié à la déontologie, imposant des obligations de déclarations auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour les DGS, elle en a prévu de plus faibles pour les DGA. La raison : la HATVP, qui absorbera en février la commission de déontologie, n’aurait pas les moyens humains et financiers d’effectuer les contrôles…
Bref, on se paye de mots et, quoi qu’on en dise, le verre reste à moitié vide. L’ONG Transparency International estime qu’on a passé un cap, avec l’affaire « Delevoye ». Mais à cette aune, ce n’est pas un cap, c’est une péninsule, dont nous ne sommes pas près de voir le bout.