Une bonne idée ne meurt jamais. Mais elle ne vit pas toute seule. Lancé en décembre 2017, le baromètre des coûts du service public imaginé par la Gazette des communes en partenariat avec KPMG, mais aussi L’Afigese, l’APVF et l’AdCF a connu en 2019 un coup de mou dû à des interrogations sur son organisation mais surtout sur sa méthode et sa simplicité.
Les raisons de la pause
Pourquoi tant de questions ? Parce qu’en dépit de son indéniable succès à son démarrage, les données récoltées sont rarement exploitables, quand elles sont récoltées. Près de 150 collectivités ont fait l’effort de remplir les fichiers en ligne, accessibles par simple demande à l’adresse barometredescouts@lagazettedescommunes.com ou sur le site du Club Finances, mais ne l’ont fait, pour la plupart que partiellement.
A ce stade, il est impossible de livrer quelque indicateur digne de ce nom que ce soit avec une douzaine à trentaine de données exploitables pour chacun des thèmes définis lors de sa création : voirie, éclairage public, bâtiment scolaire et restauration scolaire. De l’autre côté, la Gazette n’a pas cette année suffisamment sensibilisé, informé, soutenu les participants et les candidats, plus concentrée sur l’évolution de la méthode d’une collecte lacunaire que sur le portage du projet.
Un mouvement de fond
Mais nous avons bel et bien ouvert une voie. Et nous avons bien vu lors de la dernière journée de l’observatoire des coûts organisée à Paris le 4 décembre, que d’autres sont dans notre sillage. D’autres ont passé les brisants pour s’embarquer vers l’inconnu. La chercheuse Frédéric Letort, maître de conférence en Sciences de gestion de l’université d’Orléans a par exemple relevé dans une étude effectuée sur 5 % des villes de plus de 10 000 habitants, que quasiment toutes se sont lancées, au moins partiellement, dans des études de coûts de leurs services publics, soit initiées par leur direction, soit par leurs services et souvent des deux : Angers, la pionnière, Versailles, Dunkerque, Le Havre, Octeville, Béthune, Metz, de nombreux départements, etc.
Le mouvement est bel est bien lancé, jusqu’à l’Assemblée nationale. Sous la houlette de Jean-Noël Barrot, député des Yvelines et vice-président de la Commission des finances, le Palais Bourbon teste actuellement une plate-forme baptisée leximpact conçue pour éprouver sur les finances publiques et les revenus l’impact financier de chaque amendement déposé. Une révolution qui ne permet pas encore d’avoir des simulations dans le temps, mais au moins une photographie financière sur chaque décision parlementaire.
Saisie par l’Etat et la Cours des comptes, l’Observatoire des finances et de la gestion publique locale (OFGL) s’est aussi saisi du dossier et vient de publier une étude sur les coûts locaux de l’éducation, l’enseignement et du périscolaire, en association avec la Caisse nationale d’Allocations familiales (CNAF). Et ce n’est qu’un début.
Changement d’époque
Dans les collectivités, l’époque change aussi. Après le temps des gestionnaires actifs de la dette, voici venu le temps du contrôleur de gestion et de l’évaluateur des politiques publiques. Mais il manque aujourd’hui ce qu’avaient réussi durant quelques années les contrôleurs de gestion départementaux : une mise en réseau des professionnels et des pratiques, sous l’heureux nom des Carnutes, du nom de cette forêt mythique où se réunissaient les druides gaulois. Ce groupe de défricheurs avaient mis au point des indicateurs de coûts, hélas tombés en désuétude après un funeste manque de soutien de la part de l’ADF.
Le baromètre en force en 2020
Avec leur aide, la Gazette des communes va ranimer le processus. En 2020, Avec l’aide des contrôleurs de gestion départementaux, elle devrait être en mesure de proposer avec son baromètre des coûts des nouveaux indicateurs portant sur les coûts de prise en charge des mineurs non-accompagnés, voire de certaines allocations individuelles de solidarité.
Pour le bloc communal, nous nous engageons dès le mois de janvier à relancer le processus de collecte de données, redonner les codes d’accès oubliés, rassurer les curieux sur l’anonymisation des données et des territoires, encourager les inscrits à remplir le plus fidèlement possible les fiches de renseignement, etc.
Le besoin est réel, il se concrétise partout de façon diffuse. Les pratiques émergent, hétérogènes et pour le moment peu duplicables. L’outil existe, c’est le baromètre des coûts de la Gazette des communes. A vous de vous en emparer. Rendez-vous à cette adresse.
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