« La sécurité civile est devenue le parent pauvre de la sécurité. » Que ce soit en commission des lois ou en séance publique, face au ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, Catherine Troendlé, vice-présidente du Sénat insiste : le budget alloué à la sécurité civile pour 2020 n’est pas à la hauteur des besoins.
Dans son avis rendu à la commission des lois, la sénatrice du Haut-Rhin, également présidente du Conseil national des sapeurs-pompiers volontaires (CNSPV), et vice-présidente de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS) souligne un budget stagnant, « décevant », qui représente à peine 2,5% des crédits alloués à la mission « sécurités ».
Le projet de de finances 2020 prévoit ainsi 519,47 millions d’euros, contre 532,12 millions d’euros en 2019. Insuffisant selon la sénatrice, tandis que les attentes et les besoins de la sécurité civile sont prégnants. Pour rappel, à l’initiative d’une intersyndicale, une partie des sapeurs-pompiers sont en grève depuis le début de l’été. Ils revendiquent une revalorisation salariale et une meilleure reconnaissance de leur travail.
Parmi les préoccupations de l’élue, les investissements des Services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) « en souffrance », « quasiment plus soutenus par l’Etat ». La sénatrice a mis en cause la réforme de 2016 de la prestation de fidélisation et de reconnaissance versée aux sapeurs-pompiers volontaires. « Elle s’est traduite par une diminution significative du montant de la participation versée à ce titre par l’Etat aux départements, en contrepartie de l’abondement d’un fonds à hauteur de cette économie dédiée au soutien aux investissements structurants des Sdis. L’idée était de rendre à la sécurité civile ce qui appartenait à la sécurité civile. Cet engagement logique n’a tenu qu’une seule année. Depuis lors, les économies restent mais le montant du fonds n’a lui cessé de diminuer », a-t-elle déclaré, dénonçant un «hold-up ».
Sécurité des sapeurs-pompiers
La sénatrice en a profité pour rappeler l’importance d’agir pour préserver le modèle de sécurité civile français menacé par l’arrêt Matzak et la directive européenne de 2003 sur le temps de travail. « Vous avez indiqué en audition vouloir exploiter les dérogations offertes par la directive de 2003 sur le temps de travail. Mais c’est une solution de facilité qui aura pour seule conséquence d’entériner le fait que les sapeurs-pompiers volontaires sont bel et bien des travailleurs. La seule solution pérenne est l’adoption d’une directive européenne ad hoc destinée à l’engagement citoyen. Ce projet est écrit et attend votre soutien. » Elle a aussi souligné l’urgence de développer les plateformes d’appel communes au Sdis et au Samu pour faire baisser la pression opérationnelle sur les sapeurs-pompiers.
En somme, « le compte n’y est pas ». « Je vous demande une chose simple, évidente, frappée de bon sens : rendez à la sécurité civile et aux pompiers l’argent qu’ils vous ont fait économiser et fléchez-le en priorité vers les investissements nécessaires pour assurer leur sécurité. »
Au sujet de la sécurité justement, la mission d’information dédiée à ce sujet, et dont Catherine Troendlé est rapporteure, devrait présenter son rapport le 11 décembre.
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