A l’aube des municipales de 2020, la loi « engagement et proximité » est au cœur des préoccupations. Elle a eu l’avantage de replacer dans le débat la question de la meilleure représentation des femmes en politique, notamment au sein des EPCI. Pourtant, malgré les appels répétés du réseau Elues locales, premier réseau national des femmes élues, du Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes et des associations d’élus mobilisées sur le sujet de la parité en politique, nos attentes pour l’élargissement de l’obligation de la parité à l’ensemble des conseils municipaux dès 2020 n’ont pas été entendues au Sénat.
« Comment allons-nous trouver des femmes ? Elles ne veulent pas y aller ! » Cette opposition, nous y avons été confrontées à chaque étape de l’évolution de la loi visant à permettre la parité en politique. Pourtant, à chaque avancée, les femmes ont été au rendez-vous. Cela ne fait aucun doute. Elles sont aujourd’hui plus de 240 000 à incarner un mandat local, répondant ainsi présente à cet engagement auquel on leur donne enfin un véritable accès.
Cette année, nous avons parcouru le territoire français et multiplié les rencontres sur la question de l’engagement des femmes pour les municipales. Si la crise de vocation des élus a été abordée et la difficulté à mobiliser les habitants sur les listes des communes de moins de 1 000 habitants soulignée, un constat commun a été fait : on peut parvenir à construire des listes paritaires si l’on en a la volonté politique. Nous sommes convaincues qu’avec une part des femmes dans la population qui s’élève à 52 % et une présence majoritaire de femmes impliquées au sein des associations locales, la volonté de s’engager est là. Mais tant qu’il n’y aura pas d’obligation de parité imposée à toutes les strates, le risque de reprendre des habitudes d’un autre temps sera toujours présent.
Instaurer la représentation proportionnelle des femmes
Alors oui, trouver des hommes pour remplir une liste s’avère souvent plus confortable que lorsqu’on sollicite des femmes. Oui, ils hésitent moins longtemps. Et oui, lorsque l’on est un homme et chef de file pour composer sa liste, il est certainement plus aisé de solliciter et de convaincre d’autres hommes. Pourtant, en parcourant la France à la rencontre de plus d’un millier de femmes et d’hommes élus, nous avons entendu un autre son de cloche. La conviction selon laquelle les lois sur la parité ont contribué à favoriser l’engagement et l’entrée des femmes en politique est là. Nous l’avons encore constaté il y a peu avec le débat qui a suivi l’amendement déposé au Sénat dans le cadre de la loi « engagement et proximité » visant à instaurer la représentation proportionnelle des femmes au sein des exécutifs d’EPCI. Parmi les centaines d’élues locales sondées, plus de 90 % s’y sont déclarées favorables et ont souligné le fait qu’il fallait l’adjoindre d’urgence d’une obligation de parité à l’ensemble des communes.
Si nous voulons favoriser une démocratie locale réellement représentative de la population et réconcilier les citoyennes et les citoyens avec les élus locaux et les intercos, il y a urgence à permettre l’avènement de conseils municipaux paritaires à toutes les strates. La parité élargie à toutes les communes dès 2026 est une attente massive au sein du réseau Elues locales. Nous ne céderons pas, pour qu’elle soit enfin entendue.
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