Avec la rentrée des classes, élèves, professeurs et tous ceux composant la communauté éducative ont retrouvé écoles, collèges et lycées. Au total, ce sont des milliers d’établissements appartenant respectivement aux communes, aux départements et aux régions qui ont la responsabilité de les entretenir, de les rénover, de les agrandir et d’en construire de nouveaux.
Ce parc immobilier est très hétérogène. Il comprend des établissements datant de la fin du XIXe siècle, d’autres du début du XXe et les plus nombreux ont été construits dans les années 50, 60, 70 et 80. Si ces établissements des trente glorieuses ont été modernes en leur temps, ils posent désormais un problème majeur : l’omniprésence de l’amiante, systématiquement utilisée par les professionnels de la construction et de la rénovation. Avec un risque réel et avéré d’exposition à cette fibre cancérogène pour tous ceux qui fréquentent ces établissements scolaires.
Le désamiantage : un casse-tête
Dans certains établissements et territoires, la communauté éducative milite déjà pour obtenir plus d’informations sur ce produit polluant du bâti. Ils exigent des mesures d’urgence, engageant un bras de fer avec le ministère de l’Education nationale et les collectivités territoriales, sans que ces dernières soient en mesure de trouver des solutions immédiates. Tout simplement parce que le désamiantage est un vrai casse-tête : que faire des centaines d’élèves si l’on condamne des classes en travaux ? Comment garantir la continuité de l’enseignement ? Sans compter qu’au préalable, il faut identifier et localiser l’amiante de chaque bâtiment en faisant effectuer des dossiers techniques « amiante » dans tous les établissements. Cela prend beaucoup de temps et coûte très cher.
Selon l’enquête réalisée en 2016 par le ministère de l?Education nationale, près d’un tiers des écoles élémentaires et maternelles publiques n’avaient toujours pas réalisé ce fameux dossier technique « amiante ». Et c’est sans compter les écoles où les diagnostics « amiante » demeurent incomplets ou non communiqués. Bref, ce qui ressemblait déjà à la quadrature du cercle tourne au triangle des Bermudes…
Cellule du bâti scolaire
Face à la grogne grandissante, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, avait promis publiquement la création d’une cellule du bâti scolaire. Rien ne s’est passé jusqu’ici, mais elle est désormais annoncée pour les prochaines semaines. S’agit-il d’un réel engagement ou d’un nouvel effet d’annonce ?
Pour avancer réellement, pourquoi ne pas organiser une table ronde réunissant les pouvoirs publics, la communauté éducative et la filière « amiante » afin de définir un plan d’action volontariste et responsable, c’est-à-dire réaliste et crédible, pour aller vers un bâti scolaire sans amiante d’ici à 2050 ? Bref, lancer un plan Marshall de dépollution du bâti scolaire. Une démarche coûteuse, c’est certain, mais qui participe de la transition vers un monde plus propre et plus sûr pour les générations futures.
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