Le 102e Congrès des maires sera « ouvert sur le prochain mandat 2020-2026 », a promis l’Association des maires de France (AMF). Présentée le 5 novembre 2019 à la presse, cette édition, qui aura lieu du 18 au 21 novembre à Paris, devrait être marquée par la volonté de l’association de sceller « un véritable partenariat avec l’Etat qui s’y refuse », prévient son premier vice-président délégué André Laignel. « La France ne réussira pas sans ses communes. Le ton a changé mais le fond reste le même », insiste le maire (PS) d’Issoudun (Indre).
Cette année, les débats d’actualité ne manqueront pas : les relations communes-intercommunalités, la transition écologique, le développement des territoires ruraux, l’avenir de la décentralisation, l’évolution des finances locales, la place des femmes dans les collectivités territoriales, le vieillissement de la population, le maillage hospitalier, les dépôts sauvages, les comportements inciviques, la lutte contre l’habitat indigne, l’économie sociale et solidaire et l’accompagnement des citoyens avec le numérique…
Absent l’année dernière, Emmanuel Macron fera son grand retour devant les édiles pour le discours d’ouverture du Congrès, le mardi 19 novembre après-midi. « Le président de la République sera accueilli avec un très grand respect », a prévenu le président de l’AMF François Baroin. « Son discours sera très attendu sur les grands sujets d’actualité, notamment les relations financières Etat-Collectivités locales et sa volonté affichée d’ouvrir un nouvel acte de décentralisation », précise l’AMF dans un communiqué. « Nous avons des désaccords, mais pas qu’avec Emmanuel Macron. Nous avons des désaccords avec l’État central sur sa façon de traiter les collectivités locales », a fait valoir le maire (LR) de Troyes. Les deux têtes de l’exécutif feront le déplacement comme le Premier ministre Edouard Philippe clôturera les débats. Ce rendez-vous sera également l’occasion de rendre un dernier hommage à Jacques Chirac et à l’ancien maire de Signes, Jean-Mathieu Michel.
Recherche d’équilibre entre la commune et l’interco
La décentralisation sera cette année encore un enjeu majeur du congrès. Cet événement s’inscrit dans un contexte de revalorisation de l’image des maires post-Grand débat et d’examen du projet de loi « Engagement et proximité ». François Baroin relève que 70 % des dispositions initiales de ce texte sont issues des travaux de son association et se réjouit des modifications du Sénat. « Nous ne voulons pas d’un nouveau big-bang territorial mais plutôt un rééquilibrage. L’équilibre entre les communes et les intercommunalités a basculé lors de la loi NOTRe. » Pour le président de l’association, il reste « deux points durs » dans le texte du ministre chargé des collectivités territoriales Sébastien Lecornu : le transfert de la compétence eau et assainissement aux intercommunalités « devenue un tabou » et l’avenir des compétences optionnelles. « Redonner plus de pouvoirs aux communes ne veut pas dire déshabiller les intercos », assure François Baroin. André Laignel reste prudent, le retour du texte à l’Assemblée nationale sera « un test sur le dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales. Il ne serait pas compréhensible que l’Assemblée face un bon en arrière ».
Les finances locales au cœur des débats
Autre enjeu de ce congrès : les finances locales avec la suppression intégrale de la taxe d’habitation et les modalités de sa compensation. Ce mandat municipal aura été « marqué par une baisse des moyens alloués aux collectivités », déplore le secrétaire général de l’AMF, Philippe Laurent. Il chiffre à plus de 10 milliards d’euros par an la baisse de l’investissement public entre 2020 et 2026. « Les élus ont voulu maintenir le niveau de service à la population et ont donc soit baissé l’investissement public, soit augmenté les impôts locaux », analyse le maire (UDI) de Sceaux (Hauts-de-Seine).
Et la suppression de la taxe d’habitation (TH) sur les résidences principales, pourtant compensée à l’euro près, ne devrait pas améliorer les relations entre les maires et le gouvernement. « C’est la préservation de l’idéal républicain qui est en jeu. La TH n’est « pas qu’une recette, c’est aussi un lien républicain entre les habitants et leur commune », défend Philippe Laurent. Le secrétaire général de l’AMF regrette « l’affaiblissement de la volonté politique » pour une gestion de plus en plus « technocratique ».
Avec l’offensive du patronat sur les impôts locaux de production et le report de la révision des valeurs locatives à 2026 Philippe Laurent craint de « graves difficultés » pour les collectivités et la « suppression dans les années à venir du foncier bâti ».
Enfin, le bureau de l’AMF a souligné l’importance de la transition écologique comme une « tendance lourde », selon François Baroin. D’après lui, les maires font partie de la solution. « Je ne connais pas un maire qui ne mette pas la transition écologique dans ses priorités du prochain mandat. »
24e salon des maires
Le Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) qui se déroule conjointement au congrès accueille cette année pas moins de 773 exposants dont près de 40% de nouveaux exposants, répartis dans 13 grands domaines (aménagement, sports, enfance, transport, tourisme, culture, etc.) et 108 secteurs d’activités. 50 exposants étrangers et 80 start-up seront présents cette année.
« Cette année la signature du salon change pour devenir « villes et territoires durables horizon 2030 » et nous lançons un lab pour favoriser les échanges entre public et privé », annonce Julien Elmaleh, directeur général d’Infopro Digital, la société organisatrice de l’événement (et propriétaire de la Gazette des communes).
A noter que quatre remises de prix auront également lieu sur le salon :
- Le concours des Prix de l’innovation du Salon des Maires et des collectivités locales
- Les trophées de l’ingénierie territoriale organisée par Techni.Cités et La Gazette des communes
- Les trophées de la commande publique, organisée par Achatpublic.com
- Les Prix territoriaux, organisés par La Gazette des communes et la GMF.
Cet article fait partie du Dossier
Congrès des maires 2019 : le retour en grâce des élus
Sommaire du dossier
- Après le discours d’Emmanuel Macron, les maires attendent « des actes »
- Congrès des maires : Emmanuel Macron en manque de souffle
- Taxe d’habitation, contractualisation, dotations… : la parole aux maires
- Consigne : l’exécutif promet une véritable concertation
- Contenu partenaire Adaptation au changement climatique : le Cerema accompagne les collectivités territoriales
- Intercommunalité : l’AMF en communion avec le Sénat
- 2014-2018 : Un mandat de rigueur et de sous-investissement
- Loi fonction publique : les futurs maires employeurs mis en garde
- Dépenses électorales : les mêmes règles pour tous ?
- L’union sacrée des associations d’élus contre la réforme fiscale
- RGPD : la Cnil rassure les élus au congrès des maires
- Inclusion numérique : du « système D » à la « massification » des solutions
- Transition écologique : les élus face à des injonctions contradictoires
- Congrès des maires 2019 : l’AMF attend Emmanuel Macron de pied ferme
- Des maires en première ligne face au « casse-tête » de l’habitat indigne
- Congrès des maires : les territoires ruraux ont eu leur moment
- Le vieillissement, un enjeu pour l’ensemble des politiques locales
- Sécurité : les maires demandent plus de moyens humains et juridiques
- Le zéro artificialisation nette passe mal chez les élus
- Le congrès des maires s’attaque à l’économie sociale et solidaire
- Les maires n’ont plus le blues
Thèmes abordés