Dans un secteur hautement concurrentiel, marqué par la percée des contrats obsèques et l’essor phénoménal de la crémation, le funéraire public se bat pour sa survie. Et organise sa riposte en scellant une alliance avec la Maison des obsèques, réseau mutualiste fort de 10 millions d’adhérents.
Véritable tournant pour les régies municipales et les sociétés d’économie mixte, cette stratégie de rapprochement ne pourra être gagnante que si elle est portée par un véritable projet politique local. Dans un entretien à la Gazette, le député Bruno Joncour appelle les élus à se saisir de la question.
Le funéraire est souvent présenté comme le parent pauvre de l’action publique. Vous faites partie des rares à vous y intéresser. Pourquoi ?
Mon expérience d’élu local m’a conforté dans la conviction que le funéraire n’est pas une compétence comme les autres. Je regrette que les élus locaux n’en fassent pas un point fort de leur action municipale. Beaucoup s’en désintéressent et l’abandonnent au privé. C’est, à mon sens, dommageable sur un plan éthique car on parle ici d’un sujet qui concerne tout le monde, la mort, et qui recouvre une dimension humaine toute particulière.
Quel regard portez-vous sur les opérateurs publics ?
A Saint-Brieuc, j’ai été président de la régie municipale puis nous sommes passés à une société d’économie mixte car il fallait évoluer pour faire face à la réalité commerciale. J’ai alors estimé qu’il s’agissait d’un outil permettant de répondre à des besoins appréciés par la population.
A cette occasion, j’ai pu vérifier la qualité des services produits par les opérateurs publics, la formation des équipes, une sensibilité humaine propre au secteur et le respect d’une éthique reconnue par les familles. A mes yeux, le service funéraire est, par essence, une compétence républicaine. Les élus doivent se saisir de la question du funéraire dans leur ville.
Mais la concurrence fait peser une menace sur ces opérateurs. Selon vous, quel est leur avenir ?
On peut même parler aujourd’hui d’une concurrence sauvage ! Depuis la « loi Sueur » de 1993 qui a mis fin au monopole communal et a permis la libéralisation du service extérieur des pompes funèbres, on assiste à une ruée des grands groupes pour s’accaparer ce marché. Plus que jamais pour ceux qui y croient, il est urgent que l’on puisse faire en sorte que le funéraire public non seulement se maintienne, mais également se renforce. C’est pourquoi j’ai pris contact avec des députés pour affirmer notre volonté et envisager des évolutions législatives.
Quelles sont vos intentions ?
Il faut assurer aux familles la liberté de choix entre une entreprise privée et un opérateur public. Il en va aussi de la possibilité de bénéficier d’un service de qualité pour tous, y compris pour les personnes sans ressources.
Pour ce faire, nous allons mettre sur pied dans les prochains mois un groupe de travail parlementaire. Je veux inciter les élus locaux à créer des structures funéraires publiques, en assouplissant les règles législatives. A l’approche des municipales, c’est un enjeu que je veux porter.
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