Le vélo confirme sa place de plus en plus importante dans les territoires, comme le révèle la dernière étude de l’association Vélo & Territoires. Réalisée tous les 5 ans, cette enquête permet tout d’abord de mesurer la forte implication des collectivités qui ont massivement répondu à cette sollicitation (523 territoires répondants, +39% par rapport à 2014 pour les régions et +30 % pour les départements). Élément nouveau, elle intègre désormais les EPCI, qui ont été 30 % à y répondre. Un signe de la mobilisation de toutes ces strates des collectivités (1) pour développer des politiques vélo. Au final, l’enquête couvre ainsi une bonne partie du territoire national : 78 % des régions, 91 % des départements et 30 % de l’ensemble des EPCI à fiscalité propre.
Les régions et les départements à la pointe
Les régions et les départements sont engagés depuis plus longtemps que les EPCI dans cette dynamique. En ce qui concerne les régions, qui ont du se réorganiser en 2015, l’enquête montre que les stratégies de planification régionales ont globalement été reconstruites : « 85 % des régions déclarent disposer d’une stratégie vélo (schéma directeur ou plan vélo), qui se décline par ailleurs souvent dans les SRADDET », note l’association Villes & territoires. Les budgets vélo des régions interrogées sont en moyenne de 4,9 millions d’euros par région en 2019, ce qui représente 0,94 euros par an et par habitant (+25 % par rapport à 2014). « Le défi est désormais de confirmer cet élan par la mise en place de plans vélo régionaux encore plus ambitieux, pour coordonner la politique cyclable de l’ensemble des territoires », pointe l’association.
De leurs côtés, les départements ont un engagement encore plus important : malgré les contraintes financières auxquelles ils doivent faire face depuis plusieurs années, ils dépensent en moyenne 3 millions d’euros sur ce sujet (en 2019), soit 3,75 euros par habitant, ce qui représente à périmètre constant une hausse de 37 % par rapport à 2014 et un montant quatre fois plus grand que les régions. Les moyens humains sont également plus importants, avec 2,7 ETP en moyenne en 2019 (contre 1,7 en 2014 et 0,8 en 2006) pour les départements, contre 1,7 ETP par région (+77% par rapport à 2014)
Les EPCI font le plus d’effort financier
Quant aux EPCI (à fiscalité propre ou non), leur engagement dans les politiques cyclables est sensiblement moins important, mais il connaît également un développement important. D’autant qu’« avec la loi d’orientation des mobilités, l’intercommunalité (ou à défaut la région) deviendra également un échelon de référence pour organiser la mobilité sur son territoire », souligne l’étude.
Leur budget moyen s’élève à 1,3 millions d’euros, soit 9,51 euros par habitant, mais cette moyenne est à nuancer « puisque les budgets vélo varient fortement selon la taille de l’intercommunalité et sont issus, pour partie, de financeurs supra-territoriaux (départements, régions et État) ». Plus l’EPCI a une taille importante, plus le vélo s’impose comme une évidence dans la mobilité et bénéficie d’investissements importants.
Les bons résultats des EPCI de 20 000 à 50 000 habitants
On note également qu’à partir de 500 000 habitants, les moyens humains consacrés à cette politique publique sont environ trois fois plus importants (entre 5 et 6 ETP, contre 0,5 à 1,8 pour les moins de 500 000 hab.), signe d’une mobilisation de ces grandes intercos pour la petite reine. «Rares sont les intercommunalités de moins de 100 000 habitants à mobiliser un référent vélo à temps plein », note également l’association, même si cela ne veut pas dire que des politiques cyclables ne sont pas développées.
Ce que confirment les chiffres des budgets vélos, qui ne sont pas proportionnellement les plus importants dans les grandes intercos : les premières de ce classement sont celles de 20 000 à 50 000 habitants, et celles de 50 000 à 100 000 habitants affichent aussi un niveau important. On note en revanche un décrochage des montants investis pour les territoires de 100 000 à 500 000 habitants.
La planification : un enjeu clé
Quel est le principal défi des intercommunalités pour développer le vélo ? « Recruter une ingénierie qualifiée pour développer des outils de planification adaptés, en particulier dans les territoires les moins peuplés », pointe l’étude, qui rappelle l’importance de la planification pour assurer un développement des infrastructures cyclables. Tous les EPCI de plus de 200 000 habitants et étudiés dans cette étude disposent d’ailleurs d’un outil de planification, alors qu’entre 200 000 et moins de 20 000 habitants, ceux qui disposent d’une stratégie de planification passent progressivement de 86 % à 40 %. Les régions sont, quant à elles, 85 % à disposer d’une telle stratégie, et les départements atteignent un record de 90 %.
Ce qui fera la différence pour le développement du vélo en France, c’est notre capacité à mettre en cohérence les politiques cyclables des différents niveaux de collectivités. Planification, financements, ingénierie, maîtrise d’ouvrage – Crystelle Beurrier, présidente de Vélo & Territoires, vice-présidente du conseil départemental de la Haute-Savoie
Quand aux défis qui attendent ces trois types de collectivités, celles qui sont au plus près des usagers (EPCI et départements) placent évidemment en tête les enjeux techniques et d’ingénierie, suivis pour les EPCI de l’augmentation des budgets vélo et de la planification, tandis que les départements citent la planification et la sensibilisation des usagers. Pour les régions, dont le rôle va être plus important avec la loi mobilités, c’est la planification qui représente l’enjeu numéro un, suivi de l’intermodalité et de la mobilité du quotidien, puis des services vélo.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 14 régions, 92 départements, 374 EPCI à fiscalité propre et 43 «autres»(syndicats mixtes, PETR, communes, etc.) ont répondu à l’appel lancé par Vélo & Territoires Retour au texte