Quel est le sens de l’action « reconquête urbaine » ?
Les ponts qui passent sous le périphérique sont des lieux difficiles. Le projet consistait à transformer ces passages délaissés par le biais d’une programmation d’interventions artistiques ou paysagères temporaires. A la Porte de La Villette, la sculpture Delta est une œuvre architecturale lumineuse suspendue en sous-face du boulevard périphérique pour radoucir le passage – très coupe-gorge ! – entre Paris intra-muros et sa proche banlieue. L’artiste, 1024 architecture, a imaginé un très grand passage piéton pour indiquer de façon subliminale que ce lieu sera un jour piétonnisé. Car, dans le Grand Paris, la barrière du périphérique aura de moins en moins de sens. Autre accomplissement au niveau de la Porte de Montmartre, toute proche des Puces de Saint-Ouen, où les architectes d’Encore Heureux ont travaillé avec les biffins et les associations locales pour apporter de la lumière aux lieux et tenter de réenclencher quelque chose : Passage miroir est ainsi un décor urbain en matériaux de récupération (1).
Qu’est-ce qu’une initiative artistique peut apporter aux délaissés urbains et autres zones glauques de la ville ?
De telles installations constituent des balises, des repères, et une forme d’amorçage. Elles annoncent et facilitent un urbanisme par palier, à l’écoute de ce qui frémit sur le site. Il ne s’agit pas d’une commande artistique, c’est même l’inverse. Longtemps, la question de l’aménagement culturel a été considérée par le prisme de « l’équipement », du monument, de la forme. Mais au-delà des formes artistiques, ce qui nous intéresse au Polau ce sont les forces artistiques.
Quelle est la démarche du Polau ?
Nous sommes avant tout des urbanistes. Et pour nous, la dynamique artistique est un outil d’aménagement et d’urbanisme. Nous travaillons avec l’existant et recourrons au logiciel artistique et culturel en termes stratégiques. En créant par exemple la version zéro d’un événement qui va préfigurer quelque chose de plus pérenne. Car le temporaire, s’il n’est pas porté par un projet, risque de s’effondrer. Mais si elle s’inscrit dans une stratégie, la spirale du projet se remet naturellement à l’endroit.
Ces opérations sont-elles réservées aux pôles urbains ?
Pas du tout. Nous développons le projet d’un « parlement de Loire » : comment faire parler les grains de sable, les masses d’eau, les silures… et évoquer comment tout ceci évolue ? L’idée est de sensibiliser les différents publics à la Loire et de partir d’un récit pour inventer autre chose… dans l’objectif de concourir à l’appel à projets « devenir Tours », lancé par l’agglo.
Dates – clefs
- 2016 : Maud Le Floc’h est missionnée par le ministère de la Culture pour piloter le plan-guide « Arts et aménagement des territoires, pour un réoutillage artistique des territoires ».
- 2007 : elle fonde, avec le soutien du ministère de la Culture, le Polau, basé à Saint-Pierre- des-Corps (Indre-et-Loire).
Références
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