Les différents débats l’ont montré durant ce 80ème congrès, la catastrophe redoutée par les bailleurs sociaux après la réforme des aides personnelles au logement annoncée il y a deux ans n’a pas eu lieu. Les constructions de logements sociaux ne se sont pas écroulées – le nombre d’agréments délivrés devrait tourner autour de 100 000 en 2019 – aucun bailleur social ne s’est retrouvé en faillite. C’est grâce au modèle français du logement social, assis sur les prêts réglementés de la Banque des territoires, la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) gérée par Action Logement, le partenariat avec les collectivités locales, ont répété les différents acteurs pendant trois jours. Reste à voir si sur le moyen et long terme, les missions sociales des organismes ne feront pas les frais des réformes.
C’est aussi grâce à un contexte de taux d’intérêts particulièrement bas qui devrait se poursuivre, et qui permet aux bailleurs sociaux de se financer à très bas coût, comme le montre l’étude « Perspectives sur le logement social » de la Banque des territoires.
La financiarisation, le prochain risque ?
Cependant la résolution de clôture de l’Union sociale pour l’habitat a mis en garde contre le risque de financiarisation du logement social. « Nous ne voulons pas être soumis à la prédation de l’économie du court terme », résume Marianne Louis, la déléguée générale de l’Union sociale pour l’habitat. Dans son discours de clôture, Jean-Louis Dumont, le président de l’Union sociale pour l’habitat a interpellé le ministre du logement Julien Denormandie, venu remplacer le Premier ministre qui était initialement attendu en clôture : « Comme tous les fleurons nous attirons les convoitises. Nous avons besoin de l’Etat pour défendre notre modèle car, comme nos partenaires que sont la Caisse des dépôts et Action Logement ont eu l’occasion de le rappeler, notre modèle fait sens. »
Le RUA inquiète
D’autres dossiers susciteront la vigilance de l’Union sociale pour l’habitat dans les prochaines semaines, comme le projet de loi de finances présenté le 27 septembre, et qui devrait contenir une partie des mesures signées le 25 avril dernier entre l’Union sociale pour l’habitat et le gouvernement. La concertation sur le revenu universel d’activité (RUA) sera aussi cruciale : les bailleurs sociaux refusent de voir inclus dans celui-ci les aides personnelles au logement, ce qui les exposerait à de forts risques d’impayés. Alors que Julien Denormandie avait évoqué l’idée d’un « supplément logement » intégré au RUA, le discours du Premier ministre n’a pas évoqué cette idée, il a juste mentionné que « la dimension logement y serait pleinement intégrée ».
Ce discours très court a d’ailleurs surpris l’assistance, en ce qu’il ne répondait pas aux préoccupations du mouvement HLM sur la préservation de son modèle. « Le dialogue nous a permis de construire une réforme profonde et équilibrée », a juste déclaré Julien Denormandie, énumérant les quatre défis à venir : la fluidité et la transparence des attributions, la mobilité dans le parc de logements, la lutte contre la précarité, et la mixité, au travers de la nouvelle politique des loyers.
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