C’est la goutte qui a fait déborder le vase. La goutte ou plutôt le tsunami, pour ceux qui connaissaient Jean-Mathieu Michel, alias Jeannot. Le 5 août, le maire de Signes (2 800 hab., Var) a été renversé par la camionnette de deux ouvriers qu’il venait de surprendre en train de jeter des gravats en bord de route. Après trente-six ans de bons et dévoués services à la tête de la commune, son intervention lui a coûté la vie. L’enquête tentera d’établir le déroulement des faits mais, quels qu’ils soient, ce drame interpelle. Alors que les acteurs locaux ont fait tant d’efforts pour fermer leurs décharges et créer des déchetteries, qu’est-ce qui pousse, en 2019, des ouvriers du bâtiment à jeter leurs déchets dans la nature ? Et ce, de manière massive, puisque le coût des dépôts sauvages est estimé entre 340 et 420 millions d’euros par an (à la charge des collectivités), selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. Bonne nouvelle : cette question figure dans le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, adopté au Sénat en fin de semaine dernière.
Limiter la casse
Le canapé découvert à l’entrée de la déchetterie le lundi matin, les mégots qui jonchent le trottoir et les bouteilles plastique trouvées en forêt montrent que l’incivilité n’est pas l’apanage des professionnels. Et que la notion de dépôt sauvage revêt des réalités multiples. Malgré tout, un entrepreneur du bâtiment peu scrupuleux a aussi des raisons sonnantes et trébuchantes de contourner les règles. Quand les déchetteries publiques lui ferment la porte, un professionnel dispose de différentes stratégies : convaincre son client d’y apporter lui-même ses gravats après travaux, appeler un prestataire et facturer un service d’enlèvement ou se débarrasser de ses déchets à moindres frais, en les jetant dans la nature, à l’instar de ce qu’il s’est passé à Signes.
Pour limiter la casse, les collectivités ont appris à s’organiser. Soit en choisissant d’ouvrir leurs déchetteries aux artisans prêts à payer les coûts qu’ils génèrent, comme au Sirtom de la vallée de la Grosne ; soit en travaillant avec les chambres consulaires pour inciter le monde du bâtiment à financer ses propres installations. « Dans le Var, on a de beaux exemples de collaboration. Plusieurs déchetteries professionnelles ont vu le jour dans la métropole de Toulon », illustre Gilles Vincent, maire (LR) de Saint-Mandrier-sur-Mer (5 800 hab., Var). Par ailleurs président de l’association Amorce, il a conscience que cela ne suffit pas toujours. Les zones moins urbanisées ont des difficultés à proposer un maillage suffisant. Les artisans non déclarés n’ont pas la possibilité de jouer le jeu. Et le fait que le gestionnaire de la déchetterie soit public ou privé ne change rien au fait que certains refusent de mettre la main au porte-monnaie !
Cercle vertueux
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