[Grenoble (Isère) 158 200 hab.] Bouts de trottoirs, secteurs délaissés de parcs, jardinières sur une placette, pieds d’immeubles… Depuis 2015, les Grenoblois ont la possibilité de jardiner l’espace public plus ou moins sans usage prédéfini, grâce au dispositif « jardinons nos rues ».
La ville étudie toute demande spontanée de plantation. Les jardiniers en herbe fournissent plantes et graines, et signent une charte qui les engage à cultiver sans pesticides et à s’occuper assidûment de leur microlopin de terre. Sur internet, une carte dynamique des espaces « jardinons nos rues » permet de situer chacun des projets. Les jardiniers peuvent ainsi se rapprocher d’autres groupes pour échanger des graines et des conseils. Ils bénéficient aussi des recommandations du service espaces verts et de formations offertes par la ville, en partenariat avec le centre écologique Terre vivante. Pour développer la démarche, notamment dans certains quartiers moins demandeurs, la ville propose aussi des « jardins à adopter ».
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« Jardinons nos rues, c’est d’abord un objectif de vivre ensemble, considère Lucille Lheureux, adjointe aux espaces publics et à la nature en ville, ainsi qu’un moyen de se rendre compte de son pouvoir d’action sur la biodiversité, la qualité de l’air, et la qualité du sol et l’alimentation. » Habitante du quartier Saint-Bruno, Karine Katela cultive avec bonheur, tout près de chez elle, le jardin de Bévière, un bel espace dépendant d’une maison de retraite, jusqu’il y a deux ans à l’abandon. « Nous avons beaucoup d’amateurs pour ce jardin situé dans un endroit calme », constate cette mère de famille.
Contrairement à certains espaces le long d’axes passants, celui de Bévière ne subit pas les affres des incivilités. Tout au plus, Karine Katela constate la disparition de quelques légumes ou fruits. Au vu de l’assiduité du groupe, la ville a accepté d’installer une fontaine d’eau pour l’arrosage du jardin.
« Nous essayons de favoriser de plus en plus les collectifs, sinon on se retrouve avec des projets laissés à l’abandon », indique Killian Debacq, coordinateur de « jardinons nos rues » à la direction de l’environnement et du cadre de vie. Dans le quartier Alliés- Alpins, l’association Avipar, qui propose des loisirs aux personnes souffrant d’un handicap, a végétalisé sa façade avec de la glycine et du chèvrefeuille, accompagné par « jardinons nos rues ». « Nous voulions donner du cachet à notre devanture qui ne paye pas de mine», souligne Ingrid Caillet-Rousset, animatrice de l’association. Il faut bien sûr obtenir l’aval des propriétaires pour creuser une fosse en façade, ce qui n’est pas compliqué quand il s’agit de la ville, comme ici. Le cas échéant, la commune finance en partie les aménagements nécessaires, avec l’accord des propriétaires.
Décroûter le bitume
Les projets en pleine terre sont privilégiés à l’installation d’une jardinière requérant plus d’arrosages. Bien entendu, décroûter le bitume s’avère très souvent incontournable. « Il en coûtera de l’ordre de 600 euros TTC, pour une mini-fosse, à 1 500 euros, pour une fosse de 4 mètres sur 50 centimètres de large, avec la terre et la pose de la ganivelle », évalue Virginie Chirez, cheffe de projet à la direction de l’environnement et du cadre de vie. Pour des revêtements plus durs, la facture monte encore. En présence d’une dalle très épaisse, de réseaux trop proches du sol, ou de pollution du sol, l’option jardinière est la dernière solution. Il faut compter 600 euros par jardinière fournie. Le programme annuel de « jardinons nos rues » coûte 90 000 euros TTC par an, « un coût modique » estime Lucille Lheureux, à l’aune de tous les bénéfices engrangés.
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