Fin juillet, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il serait bientôt possible de régler ses impôts chez son buraliste.
Une nouvelle corde à l’arc des buralistes, qui souhaitent continuer à diversifier leurs activités pour devenir des « commerçants d’utilité locale ». On compte aujourd’hui 24 315 lieux de vente en France.
Quelles sont les nouvelles missions qui se sont ajoutées au cœur de métier initial de buraliste ?
Deux axes majeurs : la mobilité, tout d’abord, avec le partenariat que nous venons de signer avec la SNCF pour vendre des titres de transport régionaux, et la possibilité de vendre des billets TGV, ce que les usagers perçoivent comme un rapprochement du service public. Les usagers peuvent les acheter en espèces, ce qui n’est pas toujours le cas pour un automate dans une gare. Nous sommes en phase d’expérimentation, et un déploiement plus massif est prévu pour 2020.
Par ailleurs, fin juillet, nous avons également remporté le marché du paiement des impôts en numéraire ou carte bleue dans notre réseau. Je considère que cela redonne une proximité là où certaines trésoreries ne sont pas présentes, ou bien là où les horaires ne sont pas adaptés aux usages des habitants. Nous avions déjà la mission, de par notre statut, de l’encaissement des fiscalités pour les timbres amendes [perdue en janvier 2018, avec la mise en place du forfait post stationnement] et les timbres fiscaux ; c’est finalement une extension de nos capacités à pouvoir rendre ce service public dans notre réseau.
En augmentant ce maillage, vous luttez contre la désertification rurale ?
Oui. Là où ils n’existaient plus, nous offrirons à nouveau ces services. On peut s’en féliciter, en ruralité comme en zone urbaine. On parle toujours de désertification rurale, mais c’est aussi le cas pour le périurbain ; une petite ville a besoin de cette proximité. Le buraliste n’a pas pour but de remplacer, ou de suppléer, mais de donner plus de proximité. Les contribuables peuvent bien sûr payer leurs impôts par Internet, mais il faut penser aux nombreux Français en situation d’exclusion numérique.
Quelle nouvelle place cela donne-t-il au buraliste dans une commune ?
Celui d’un commerçant d’utilité locale. Avoir un buraliste qui a une amplitude d’ouverture de 10h, c’est donner de la visibilité au service public et rendre service à l’usager. Nous redonnons de l’accès aux services sans dégrader le service public, qui a davantage vocation aujourd’hui à accompagner et faire preuve de pédagogie auprès des concitoyens. Je considère en effet qu’hériter de ces missions donne plus de liberté aux agents des services publics pour être disponibles pour des dossiers qui leur sont propres. Je ne considère pas que nous cannibalisons le service public mais que nous contribuons à le moderniser, à un moment où tout le pays se sent éloigné, abandonné. Cela peut répondre à ce sentiment, qui est parfois une réalité, d’appauvrissement de certains territoires.
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