A Lyon, Chartres, Reims, Amiens ou Sens, quand tombe la nuit, des images animées et colorées revêtent les façades du patrimoine ancien. Ces sons et lumières donnent vie aux monuments tout en narrant des fables et légendes en relation avec la grande ou la petite histoire du lieu. Les « vidéo mappings » et autres festivals lumineux sont devenus des rendez-vous annuels qui rythment la vie des villes, les valorisent et les rendent attractives.
« Le patrimoine doit désormais être animé pour augmenter sa fréquentation. Cela offre une vraie dynamique, change l’image de la ville ou la fait connaître », considère Laurent Lhuillery, conseiller délégué à la valorisation du patrimoine par la lumière, à Chartres (38 800 hab., Eure-et-Loir). Depuis une quinzaine d’années, sur une période de six mois à partir du mois d’avril, chaque soir jusqu’à 1 heure du matin, des images colorées sont projetées sur les façades de la ville. Ces spectacles, qui déclinent l’histoire de Chartres, sont visibles sur une vingtaine de sites, dont la cathédrale. Le festival Chartres en lumières attire un million de visiteurs par an pour des retombées économiques de 130 millions d’euros, selon l’évaluation du comité régional du tourisme. A Lyon (lire ci-dessous), la Fête des lumières, qui a accueilli plus de 1,8 million de visiteurs en 2018, a acquis une dimension internationale. Depuis 1989, la ville se met en scène pendant quatre jours, au début du mois de décembre. Les spectacles proposés, du plus sensationnel au plus intimiste, font briller les lieux les plus emblématiques de la ville.
Projet urbain
Mais ces shows qui scintillent dans la nuit finiraient-ils par lasser ? Certaines collectivités ont fait d’autres choix pour la mise en valeur de leur patrimoine, dont la ville de Toulouse (475 400 hab.). « La colorisation des bâtiments est associée à des événements particuliers. Notre parti pris est de surligner les détails architecturaux des édifices remarquables de façon sobre et élégante : 140 points d’architecture ont ainsi été mis en lumière », détaille Emilion Esnault, élu toulousain chargé de l’éclairage public. Deux parcours permettent de découvrir la ville par ce prisme. A Rennes, une application, Lumi-R, permet aux visiteurs qui se géolocalisent de commander l’éclairage de sept bâtiments. « C’est une alternative à la mise en lumière pérenne. Les usagers peuvent aussi regarder des vidéos sur leur smartphone, pour une visite virtuelle de ces lieux », expose David Moizan, responsable de l’unité « éclairage public et signalisation lumineuse » à Rennes métropole (43 communes, 443 200 hab.).
Mais au-delà de l’illumination du patrimoine, qui peut renforcer le côté muséal de la ville, la lumière est aujourd’hui un composant de tout projet urbain, tant en centre-ville qu’en périphérie. « C’est un outil pour favoriser le lien social, qui peut aider à réparer la ville, lui donner une autre manière d’être vécue », affirme Roger Narboni, qui a posé les bases, à partir des années 80, de la conception de la lumière urbaine.
Silhouettes architecturales
Les collectivités locales se sont emparées de l’éclairage afin de
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