Une vingtaine de personnes, dix rattachées à l’université du Littoral et dix à celle d’Aix-Marseille ont débuté le 8 janvier les cours de ce tout nouveau DIU. Il s’agit d’aidants bénévoles auprès d’un membre de leur famille (âgé ou pas), mais aussi de professionnels concernés par les problématiques de l’aidance travaillant par exemple « dans des structures d’appui ou des établissements spécialisés en prise avec les questions relatives aux aidants » des secteurs sanitaire, social et médico-social, explique Franck Giuliani, directeur du service « Formation continue » à l’université du Littoral. Les candidats sont sélectionnés sur entretien. Seul prérequis : avoir le niveau bac ou équivalent.
DIU « Accompagnement et droits des aidants » : 9 modules
Les 149 heures de cours, dont la totalité peut être suivie en présentiel ou en distanciel, se déroulent deux jours par mois, pendant dix mois. Les neuf modules peuvent aussi être suivis séparément. Ils portent sur le droit et la représentation sociale de l’aidant, la connaissance des publics aidés, les outils et techniques d’accompagnement des aidants et le repérage des partenaires et des aides. D’autres modules présentent la manière dont l’aidance peut faire l’objet d’un projet, l’importance de la communication et de la médiation ainsi que des retours d’expériences. Ils abordent également le droit des aidants, un sujet délicat puisqu’ils n’ont toujours pas de statut officiel à ce jour. Une journée d’étude sur les proches aidants organisée à Dunkerque en 2019, qui a réuni des aidants et des professionnels concernés de tous les horizons, a démontré le fort « besoin d’une montée en compétences des aidants », ajoute Franck Giuliani. Ils « sont souvent isolés et méconnaissent fréquemment l’écosystème qui existe autour d’eux pour les soutenir. Il existe aussi des risques juridiques qui pèsent sur leurs actes, souvent à la limite du médical ou du paramédical, mais qui ne sont pas couverts. Des risques psychologiques également et des risques éthiques en matière, par exemple, de bientraitance ou de dignité des personnes aidées », poursuit-il. La journée d’étude a aussi permis aux chercheurs des deux universités de constater la convergence de leurs travaux et les a conduits à concevoir ensemble cette formation. Et ce peu de temps après que le député de la 14e circonscription du Nord (autour de Dunkerque), Paul Christophe, a publié son rapport sur la proposition de loivisant à favoriser la reconnaissance des proches aidants (novembre 2018).
80 candidats au DIU
Plus de 80 personnes ont candidaté mais outre les 20 qui ont intégrés la première promotion, beaucoup attendent que la formation soit éligible à des financements (elle coûte 2980 euros). Elle a reçu courant janvier la labellisation de l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC), ce qui permet aux médecins et pharmaciens de la financer au titre du DPC. Mais il faudra attendre plusieurs mois son inscription au Registre national des certifications professionnelles (RNCP) pour qu’elle soit éligible au financement par le compte personnel de formation (CPF). Un premier pas vers une professionnalisation ? Marie Anne, consultante formatrice en Ehpad, présidente d’une association qui finance des moments de répit pour les aidants, et aidante elle-même à plusieurs reprise, fait partie des premiers inscrits. Ce diplôme constituera pour elle « une reconnaissance de toutes les compétences et de l’attention » que déploient les aidants. Elle en attend beaucoup sur le plan de l’éthique mais aussi de la sociologie et du repérage des aides et relais. Pour son activité d’aidante potentielle mais aussi pour ses activités professionnelle et associatives : elle souhaite pouvoir, à terme, venir en aide aux aidants adolescents et jeunes adultes, souvent très peu accompagnés.
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