L’étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée jeudi 20 juin, mise en ligne par la Gazette, est consacrée à la criminalité sur les territoires du Grand Paris sur la période 2016-2017. C’est la suite d’un travail d’analyse et de restitution des données de la préfecture de police entrepris il y a dix ans. En voici les principaux enseignements.
Les vols simples contre les particuliers dans les lieux publics, premier type d’infraction
Avec plus de 116 000 faits commis en 2017, c’est quantitativement le premier type d’infraction qui surexpose Paris par rapport aux autres départements. Tandis que le taux moyen s’élève à 17,4 faits pour 1000 habitants, il atteint 34,1 à Paris. Le 1er arrondissement affiche le taux le plus élevé avec 277,9 faits pour 1000 habitants.
Les faits de vols avec violence très concentrés à Paris
Quatre hot-spots de vols avec violences concentrent 15% des faits sur 1% du territoire du Grand Paris. Trois sont situés dans Paris, le plus massif étant centré sur Barbès-Rochechouart avec plus de 2000 faits en 2017, suivi du quartier des Halles et de la Roquette. Hors de Paris, le point de concentration est identifié dans le quartier du Marché à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis.
Un taux d’homicides intentionnels le plus faible au monde
Dans le Grand Paris, ils représentent 0,016% de l’ensemble des faits constatés en 2017, soit 1,2 fait pour 100 000 habitants. A titre de comparaison, le taux des grandes agglomérations urbaines des Etats-Unis est à 11 pour 100 000 en moyenne. A noter qu’en Europe de l’ouest, la plupart des agglomérations affichent des taux comparables, à l’exception de particularismes micro-locaux.
Le risque de vol d’automobile augmente avec l’éloignement de la capitale
A l’opposé de la distribution spatiale des vols simples contre les particuliers qui se concentrent dans Paris intramuros, les communes éloignées enregistrent en 2017 des taux de vols d’automobiles supérieurs à ceux des arrondissements de la capitale.
Un cambriolage augmente le risque d’un second cambriolage à très court terme et à proximité
Dans les petites communes, les cambriolages d’habitations sont souvent surreprésentés parmi les autres types d’infractions. C’est le cas notamment à Marnes-la-Coquette, Noiseau ou encore Bry-sur-Marne qui affichent des quotients de spécialisation supérieurs à 3 pour cette forme d’infraction.
Dans les hot-spots des lieux de commission de cambriolages, le risque de réitération dans un rayon inférieur à 100 mètres autour d’un premier cambriolage est de 31% plus élevé dans les 7 jours qui suivent, comparé à une série aléatoire de cambriolages sans identification de répétition. Ainsi, la commission d’un premier cambriolage est un indicateur prédictif de la commission d’un second fait de même nature à proximité du premier acte, et à très court terme.
Des taux élevés de violences physiques non crapuleuses dans le centre de Paris
Quatre zones affichent des taux plus de deux fois supérieurs à la moyenne du Grand Paris (5.5 faits pour 1000 habitants) : le 1er arrondissement avec 18.7, le 8ème arrondissement avec 11,7, Bobigny avec 11,6 et la Courneuve avec 11,4.
L’étude de l’ONDRP met en évidence une « pérennisation géographique des phénomènes ». Cela signifie que, globalement, les mêmes secteurs et les mêmes lieux concentrent les hautes intensités d’atteintes depuis des années. Ceci tend à suggérer qu’à cette échelle, dans l’hypothèse de politiques publiques menées contre ces phénomènes identifiés, ces politiques n’ont pas d’effet sur les disparités spatiales des crimes et délits.
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