Que retiendra-t-on de « l’appel du 18 juin » rochelais pour un numérique responsable ? Un acte fondateur vers une « désescalade de l’usage incontrôlé du digital », c’est ce qu’espère Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle et président de la communauté d’agglomération, signataire aux côtés de l’Université, du grand port maritime, de l’association Atlantech de la « Charte du numérique responsable ».
Un document contenant une trentaine de préconisations, établi par l’Institut du numérique responsable, qui incite les organisations à « optimiser les outils numériques pour limiter leurs impacts et consommations », « développer des offres de services accessibles pour tous, inclusives et durables », « avoir des pratiques numériques éthiques et responsables », « rendre le numérique mesurable, transparent et lisible », et « favoriser l’émergence de nouveaux comportements et valeurs ».
Le numérique responsable comme priorité
« Les actions compilées dans cette charte existent, ou sont en germe dans nos organisations », affirme Jean-François Fountaine. « Un groupe de travail planche sur le sujet en interne, le personnel et les étudiants sont formés », observe de son côté Jean-Marc Ogier, président de La Rochelle Université. « Cette signature nous engage encore plus et fait du numérique responsable une priorité », relève encore Michel Puyrazat, président du directoire du grand port maritime de La Rochelle.
L’Université et la direction de la communication, de l’évènementiel, des relations publiques et de l’imprimerie de la ville de La Rochelle ont déjà été labellisés en mai par l’Institut du numérique responsable pour leur engagement. Bien d’autres organisations publiques et entreprises locales devraient suivre, puisque la réduction de l’empreinte numérique est l’un des leviers identifiés dans le cadre de la démarche « La Rochelle territoire zéro carbone » destinée à conduire l’Agglomération vers un bilan neutre en CO2 à l’horizon 2040. Pas moins de 190 partenaires sont aujourd’hui mobilisés pour atteindre cet objectif.
10% de l’électricité mondiale
Selon l’Institut du numérique responsable, l’économie et les usages numériques seraient responsables de 6 % des émissions de gaz à effet de serre et consommeraient déjà 10% de l’électricité mondiale, ainsi qu’une quantité impressionnante de ressource naturelles non renouvelables, de métaux et terres rares dont l’extraction menace les populations et les écosystèmes. Au rythme actuel, le numérique pourrait polluer autant que les voitures en 2025.
Pour Jean-François Fountaine, « les données ne doivent plus circuler de manière inutile ». Au-delà des enjeux environnementaux, on touche aussi à des problématiques de gouvernance et d’éthique. « Comment garder la main sur les technologies ? Comment réguler les usages ? Qui en a la légitimité ? Ces questions renvoient directement à la démocratie », observe le maire-président.
Après la signature officielle de la charte, la journée s’est poursuivie sur le thème de la « sobriété numérique » avec des retours d’expériences de collectivités du grand Ouest labellisées Cit’ergie. Elle s’est achevée par une conférence grand public « Numérique = responsable ? », animée par Vincent Courboulay, chercheur à La Rochelle Université et co-fondateur de l’Institut du Numérique responsable, et Mathieu Dumery alias « Professeur Feuillage » sur YouTube.
Cet article fait partie du Dossier
Quand le numérique passe au vert
Sommaire du dossier
- Empreinte environnementale du numérique : quelles nouvelles obligations pour les collectivités ?
- Quand le numérique passe au vert
- Numérique responsable : se mettre en ordre de marche pour la loi REEN
- Sobriété numérique : pourquoi les collectivités doivent stimuler les filières de recyclage et de réemploi
- Ville sobre : sortir de l’anecdotique, un défi collectif majeur
- Numérique vert : pourquoi il faut miser sur les appareils reconditionnés
- « On doit faire preuve de davantage de discernement technologique »
- Après la smart city, place à la ville sobre
- Numérique vert : pourquoi les collectivités doivent faire mieux
- Numérique vert : des clés pour penser l’écoconception des services publics numériques
- Numérique vert : dans les services, frugalité et bonnes pratiques s’installent peu à peu
- Les projets de smart city passés au crible de la sobriété numérique
- Les propositions de l’Arcep pour réduire l’empreinte environnementale du numérique
- Numérique vert : le MaaS, la plateforme fourre-tout
- Numérique vert : « Il est important de ne pas appliquer de recettes de cuisine »
- La Rochelle s’engage pour un numérique responsable
- Le numérique vert s’arme d’une proposition de loi sénatoriale
Thèmes abordés
Régions