Sa déclaration a plus que surpris. Durant l’exercice de questions-réponses avec les journalistes qui a suivi son discours, Emmanuel Macron a dit assumer « totalement d’abandonner [l’objectif de 120 000 postes de fonctionnaires] s’il n’est pas tenable ».
Cette sortie est symbolique, tant elle avait, dès le début du quinquennat, braqué les syndicats de la fonction publique.
Emilie Chalas, rapporteure (LREM) à l’Assemblée nationale du projet de loi de transformation de la fonction publique applaudit sur les réseaux sociaux :
En écho à nos travaux #FonctionPublique à l’Assemblée, je salue la volonté du President de repenser notre administration et son encadrement et de ne pas faire du nombre de fonctionnaires un but en soit.
C’est une réflexion essentielle pour mieux répondre aux besoins des Français. pic.twitter.com/LELCHkXlAK— Emilie CHALAS (@EmilieCChalas) 26 avril 2019
Les syndicats de leurs côtés sont circonspects, à l’instar de Mylène Jacquot (CFDT) : « Dès mai 2017, @UffaCFDT alertait sur une approche uniquement budgétaire de la #FonctionPublique. Mieux vaut tard que jamais… mais quel dommage que ces deux années perdues en discours ô combien inquiétants et dévalorisants pour les agents », écrit-elle sur Twitter.
Mais c’était sans compter l’intervention, ce vendredi sur RTL, du ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin. Concernant les 70 000 suppressions de postes envisagées dans la fonction publique territoriale, « on y arrivera […] grosso modo » a-t-affirmé, faisant valoir le processus de contractualisation mis en place entre l’État et les collectivités pour limiter leurs dépenses de fonctionnement.
Pour le président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), Philippe Laurent, « de toutes façons, la suppression de 70 000 postes prévus dans la seule fonction publique territoriale n’est qu’un vœu pieux » a-t-il déclaré à l’AFP. « C’est une décision qui n’appartient qu’aux maires. […] Évidemment, si on leur coupe leurs ressources comme on le fait avec la suppression de la taxe d’habitation, ils réduiront peut-être des postes ».
En tout état de cause, Emmanuel Macron a dit avoir demandé au gouvernement de lui « donner son analyse » sur le sujet « d’ici l’été ».
Haute fonction publique : concourir à la réforme
« Il faut supprimer entre autres l’École nationale d’administration [ENA] », a finalement lâché aussi Emmanuel Macron après son allocution. L’avocat Frédéric Thiriez sera chargé de faire des propositions « pour refonder le recrutement, le mode de formation, et la gestion des carrières » des hauts fonctionnaires.
Le président de la République souhaite que la formation soit « plus ouverte » à la recherche, au monde universitaire ainsi qu’à l’international et aux expériences de terrain. « Je ne crois pas du tout au rafistolage et à la réforme ‘un peu' », a-t-il ajouté.
Sur Twitter, l’Association des administrateurs territoriaux (AATF) a promis qu’elle « travaillera pour faire réussir la réforme de la Haute Fonction Publique [qu’elle appelle de ses] vœux depuis cinq ans ».
Quelques jours auparavant, dans le Journal du dimanche, Fabien Tastet, président de l’association, avait co-signé une tribune dans laquelle il préconisait de « sélectionner des profils qui ressemblent davantage à la société », « supprimer les logiques de rente des grands corps » et « décloisonner les trois versants ».
@AATF_Assoc travaillera pour faire réussir la reforme de la Haute Fonction Publique que nous appelons de nos voeux depuis 5 ans et que vient d’annoncer @EmmanuelMacron 1/4
— AATF (@AATF_Assoc) 26 avril 2019
Car si Emmanuel Macron n’a pas évoqué le recrutement des hauts fonctionnaires de la territoriale, cette dernière est bien concernée par le chantier qu’a lancé le gouvernement, le 17 avril dernier, sur le recrutement et l’attractivité de la fonction publique. Le groupe de travail du 21 mai prochain portera sur l’adaptation des modes de recrutement par concours.
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