Au moment où l’expérimentation prenait fin en juin dernier, le ministère de l’Intérieur avait produit un rapport d’évaluation sur l’expérimentation des caméras piétons par les policiers municipaux. Un document commandé à la hâte au contenu succinct qui révélait un bilan positif de cet équipement. Justifiant ainsi sa pérennisation dans une loi du 3 août 2018.
On en sait désormais davantage sur l’appréciation que les villes ont fait lors de ce rapport ministériel. Une enquête publiée le 18 avril par « Le panier à salade » en partenariat avec plusieurs grands titres de la presse quotidienne régionale (Parisien, Télégramme, Nice Matin, République du Centre…), met en ligne les 215 rapports que les communes avaient alors remis au ministère de l’Intérieur. Les documents sont accompagnés d’une analyse produite par le journaliste Alexandre Léchenet, par ailleurs collaborateur de la Gazette. Un travail qui permet d’en savoir davantage sur l’utilisation de cet outil de surveillance et son efficacité déclarée en matière de prévention.
Dissuasion et déontologie
Sans grande surprise, l’enquête souligne une satisfaction globale des communes et des polices municipales. Le principal intérêt de cet équipement étant son effet dissuasif et préventif, comme le révélait un article de la Gazette à l’automne dernier.
Les agents y voient un gage d’apaisement des relations avec les habitants et un moyen de désamorcer des situations conflictuelles. « L’ensemble des policiers municipaux a constaté un changement d’attitude au moment où les fonctionnaires de police annonce que l’intervention est filmée », rapporte le chef de la police municipale d’Agde (Hérault). Paradoxalement, il y a peu d’enregistrements. Une partie des policiers n’ont même jamais eu à activer les caméras qu’ils portaient.
Grâce aux caméras, il semble donc que les contacts soient plus respectueux. Les citoyens sont responsabilisés, tout comme les policiers municipaux. Il y a une vertu « pédagogique et déontologique puisque les caméras ont permis de corriger certains comportements professionnels des agents, comme un langage non adapté ou une attitude à améliorer », souligne le directeur de la police municipale de Melun (Seine-et-Marne).
Une protection pour les agents
Bien acceptée par le public, la caméra est aussi considérée comme un équipement de protection par les policiers municipaux. En effet, les images peuvent permettre d’identifier les auteurs d’une agression et aider à prouver la légitime défense dans le cadre de l’utilisation de leurs armes.
Outre les coûts, le fonctionnement et les difficultés techniques rencontrées (hébergement des vidéos, capacité de la mémoire, déclenchement de l’appareil…), l’enquête présente les possibles nouvelles utilisations de ces équipements. Et les élus ne manquent pas d’idées.
Certains souhaitent étendre le port des caméras aux autres personnels en tenue, comme les Agents de surveillance de la voie publique (ASVP), ou les contrôleurs des transports en commun. Cette mesure, déjà expérimentée par plusieurs réseaux (RATP, SNCF, Kéolis), est d’ailleurs présente dans le projet de loi d’orientation des mobilités.
Le maire de Mandelieu-la-Napoule, Sébastien Leroy, a annoncé que les voitures de la police seront équipées de caméras. De son côté, le maire de Nice, Christian Estrosi, demande « la possibilité légale de renvoyer en direct les images à un centre de supervision urbain ou une tablette disposée dans le véhicule ». Enfin, à Aulnay-sous-Bois, le directeur de la tranquillité publique propose de mettre en place « le déclenchement automatique des caméras lors de l’identification de paroles qualifiées de délictuelles, ou grâce à un détecteur de mouvement ».
Ces nouveaux usages des caméras vidéo pourraient s’accompagner d’un débat public, déjà demandé par la Cnil.
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