Dans un billet paru lundi 25 février sur le blog Ecoscope de l’OCDE, Laurence Boone, cheffe économiste de l’OCDE, et Antoine Goujard, Bureau France, du département économique de l’OCDE, soulignent l’existence d’une « profonde inégalité des chances » en France.
Un ascenseur social en panne
« Les récentes manifestations des gilets jaunes pourraient n’être qu’une variante des fractures territoriales et sociales potentiellement liées à un même phénomène de rejet de la mondialisation qui s’est retrouvé dans plusieurs pays de l’OCDE. C’est probablement en partie le cas, mais les raisons de ce mouvement trouvent aussi leur racine dans une profonde inégalité des chances. Il faut plus de 6 générations en France à une personne du bas de la distribution des revenus pour en rejoindre la moyenne », écrivent les auteurs.
Disparités territoriales et inégalités d’accès
Les disparités entre catégories socio-professionnelles mais aussi entre les territoires et ce dès le plus jeune âge provoquent un accès différencié aux services publics, et notamment ceux en lien avec l’éducation, qui sont déterminants. « Chez le tiers de la population le moins aisés, seuls 30% des enfants intègrent des modes d’accueil dits « formels », crèches, halte-garderie ou assistantes maternelles, contre près de 60% pour l’ensemble de la population. C’est en partie une question d’accès : selon la commune ou le quartier où l’on habite, ces modes de gardes sont plus ou moins développés. Or ils permettent le développement dès le plus jeune âge des enfants, leur socialisation et leur éveil. », indiquent les auteurs.
Quant aux performances scolaires, « là encore, les disparités territoriales jouent un rôle important, avec des difficultés accrues pour attirer des enseignants expérimentés et des concentrations d’élèves en difficulté dans certaines écoles et zones géographiques ».
Redistribution et transferts sociaux ne peuvent pas tout corriger
« En conclusion, la redistribution par les impôts et transferts sociaux est un puissant outil de réduction des inégalités de revenu mais les inégalités d’opportunité sont importantes, largement liées au système éducatif », insistent les auteurs. « La redistribution soutient le niveau de vie des ménages les plus pauvres, mais ne corrige pas les disparités au sein du milieu de la distribution. Et surtout, elle ne suffit pas à contrer les inégalités des chances liées au milieu socio-économique ni les inégalités territoriales », concluent-ils.
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