Non les Français ne sont pas rétifs par nature au changement : c’est l’un des enseignements du rapport de l’Observatoire des territoires, qui bat en brèche plusieurs idées reçues. Chaque année un Français sur dix change de lieu de vie ( 11%), c’est deux points de plus que la moyenne européenne, à 9%.
Des mobilités très locales
Plus de deux tiers des Français qui déménagement se réinstallent cependant à proximité de leur ancien lieu de résidence, dans la même commune ou le même département. « On note cependant un rapport très différencié à la mobilité selon le profil des individus, explique Louise Haran, co -auteure du rapport. La catégorie sociale des ouvrier aura tendance à déménager dans la proximité de sa précédente résidence, celle des cadres ira plus loin ».
Cependant, ce chiffre est en baisse, pour toutes les classes d’âge et les catégories socio-professionnelles, notamment depuis la crise de 2008. Alors que dans les années 70 les périodes de crise ont été synonymes de plus de mobilité, c’est plutôt l’inverse aujourd’hui. « On observe à la fois une baisse des déménagements de longue distance, et une baisse globale des déménagements », détaille Louise Haran.
L’étude examine ensuite l’impact territorial de ces mobilités : il rejoint les dynamiques territoriales examinées dans de nombreuses études, démontrant le contraste entre des régions attractives à l’Ouest et au Sud, et des régions du quart Nord – Est qui perdent plus d’habitants qu’elles n’en gagnent avec les mobilités résidentielles.
Ainsi à périmètre constant, la Nouvelle Aquitaine gagne quatre fois plus d’habitants chaque année qu’au début des années 70, les Pays de la Loire et la Bretagne trois fois plus. En parallèle on observe une balance migratoire en diminution dans la région Provence Alpes Côte d’Azur. Autre chiffre notable, la région Ile-de-France gagnait il y a cinquante ans 15 000 habitants par an, elle en perd aujourd’hui environ 50 000 par an, même si elle continue à être attractive sur certains profils.
Urbain, périurbain et rural à égalité
Enfin au niveau local, « les mobilités résidentielles ont tendance à réduire les contrastes de dynamisme migratoire entre territoires urbains, périurbains et ruraux », notent les auteurs du rapport. Les espaces périurbains et ruraux sont cependant ceux qui gagnent le plus d’habitants du fait des mobilités résidentielles, tandis que les grand pôles urbains sont durablement déficitaires. Mais ces catégories de territoires ne sont pas homogènes, et les soldes naturels (différence entre naissances et décès) viennent modérer ces effets.
Par ailleurs « cette homogénéisation locale s’accompagne d’une forte segmentation sociale », résume Louise Haran : en clair, les différentes catégories d’individus déménagent plutôt là où leur groupe social est le plus présent, les ouvriers et employés dans le périurbain et le rural, les cadres dans les intercos en périphérie immédiate des métropoles.
Enfin la mobilité résidentielle joue un rôle différent sur les parcours professionnels : si pour les plus diplômés elle est plutôt synonyme de meilleur accès l’emploi, pour les moins diplômés c’est le contraire.
En conclusion, le rapport démontre que les mouvements résidentiels segmentent la population plus qu’ils ne la mélangent, notamment sous l’accès des fortes contraintes pesant sur l’accès au logement. Autant de paramètres à prendre en compte dans l’élaboration des politiques publiques, qu’elles touchent au logement, à l’éducation…
Le rapport en appli
Le rapport de l’observatoire des territoires est accompagné d’une appli intégrée à son site, véritable outil de diagnostic territorial mis à disposition de tous en opensource. Il permet d’étudier les mobilités résidentielles jusqu’au niveau intercommunal, de faire des comparaisons entre territoires, et au niveau national. Il permet notamment de connaître l’évolution démographique du territoire choisi, les arrivées et départs et le profil des personnes concernées, les flux résidentiels, etc.
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