La fédération Procos a été parmi les premières à attirer l’attention sur la vacance commerciale croissante tant dans les centres-villes que dans les zones et centres commerciaux. Elle a désormais changé de stratégie et met en valeur les villes qui se sortent le mieux de cette crise globale du commerce. Son baromètre repose sur 20 métropoles, 74 grandes villes moyennes, et 147 petites villes moyennes. Il combine les critères de dynamisme démographique et économique, le taux de vacance commerciale, la performance des enseignes extraites du baromètre Procos, et la fréquentation des magasins.
Procos rappelle tout de même qu’en 2018 le taux moyen de vacance commerciale est passé à 11,9%, contre 9,5% en 2015, et il est plus élevé dans les zones commerciales et centres commerciaux que dans les centres-villes. Seul un tiers des centres-villes sont sous la barre des 10% de vacance, contre la moitié en 2015.
Les métropoles tirent encore leur épingle du jeu
Les métropoles se tirent plutôt mieux que les autres catégories de la conjoncture baissière. « Si ces centres-villes demeurent en majorité attractifs et performants pour les enseignes, ils ne semblent pas être épargnés par les difficultés des commerces des plus petites villes. Les valeurs locatives encore très élevées dans de nombreuses rues des métropoles ne suivent pas la tendance du chiffre d’affaires et de la fréquentation », met cependant en garde Procos. Dans cette catégorie, Clermont-Ferrand est lauréate de la meilleure évolution, avec un taux de vacance passé de 9,1% en 2015, à 7,7% en 2018, et une série d’actions articulées dans un plan Commerce adopté en 2017. Arrive en second Strasbourg et son taux de vacance à 4%. Lyon métropole est quant à elle désignée meilleur centre-ville de sa catégorie.
Les villes moyennes en souffrance
Les grandes villes moyennes, cibles du plan Action Coeur de ville, apparaissent plus fragilisées : le taux de vacance moyen est très élevé, les performances des enseignes Procos y sont en moyenne plus basses, de 18 points en deçà de leur chiffre d’affaires moyen France, note Procos. Dans cette catégorie, Annecy est lauréate de la meilleure évolution, avec un taux de vacance à 4%, et des enseignes nationales qui réalisent en moyenne un chiffre d’affaires de 10 points supérieur à leur moyenne nationale. Si la ville a de nombreux atouts liés à sa situation géographique, les élus locaux sont attentifs à la situation du commerce, ils ont institué par exemple des périmètres de préemption commerciale sur l’ensemble de la commune, pour préserver la diversité du commerce.
Quimper arrive en seconde position . Elle a mis en place des actions multiples tant sur le logement, la mobilité que le stationnement, elle a institué une taxe sur les friches commerciales… Amiens est dans cette catégorie lauréat en tant que meilleur centre-ville.
Enfin les petites villes moyennes sont dans une situation préoccupante, avec des taux de vacance supérieurs à 15% pour 33% de ces centres-villes. Gap est dans cette catégorie lauréate de la meilleure évolution, suivie par Vichy, tandis que Compiègne est désigné meilleur centre-ville de la catégorie. Dans les villes de cette catégorie, il importe particulièrement de travailler sur l’ensemble des problématiques du logement, du stationnement et de la mobilité, et pas uniquement sur le commerce.
A partir de son panel, Procos présente les conditions de réussite pour un centre-ville dynamique : multiplier les raisons de fréquenter le centre-ville au quotidien, que ce soit en travaillant sur la réimplantation de médecins ou professions paramédicales au centre-ville, ou de services publics. De nombreuses villes travaillent sur l’implantation de halles gourmandes, ou de marchés de producteurs en centre-ville. Enfin les actions pour requalifier les logements sont primordiales, de même que celles pour faciliter les mobilités.
L’installation de locomotives commerciales en centre-ville est un atout. Selon Procos,
« Les collectivités ont pris conscience qu’elles devaient à la fois mettre à disposition des cellules de grandes tailles pour attirer les commerces les plus attractifs et éviter que ceux-ci s’implantent en périphérie. De plus, une veille sur les enseignes les plus attractives est fréquemment effectuée afin de flécher leur implantation en centre-ville plutôt qu’en périphérie ».
Enfin l’action concertée en faveur des commerces entre les différents acteurs – élus locaux, chambre de commerce et d’industrie, associations de commerçants – qu’exige le plan Action Coeur de ville est incontournable. L’embauche d’un manager de centre-ville peut-être un élément facilitateur de cette action concertée.
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Ces territoires en déclin qui ne se résignent pas
Sommaire du dossier
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- Action Coeur de ville : passer des études aux réalisations
- Les centre-villes commerçants les plus dynamiques mis en lumière
- La difficile reconnaissance du phénomène des villes en décroissance
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- Les villes moyennes se construisent un avenir
- Action coeur de ville : Les acteurs privés, attendus et dans l’attente
- Les ministres en campagne pour Action Cœur de ville
- Action coeur de ville : un vaste programme à 5 milliards d’euros sur cinq ans
- Le plan Action Cœur de ville met le turbo
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- L’extraordinaire histoire de la communauté de communes du val d’Alzette
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- Revitalisation des centres anciens, l’urgence d’une « cause nationale »
- Réforme de la carte militaire : il y a une vie après la caserne
- Quand le centre-ville redevient un lieu de commerce attractif
- « L’Etat cherche avant tout à créer de grandes métropoles de niveau européen ! »
- A Saulnières, les vestiges de la grande usine se fondent en un jardin paysager et des logements
- Centres-villes en déclin : la malédiction des villes moyennes
- Le développement des villes durables passe par les friches industrielles
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