Il a fallu faire vite. Regrettant que la culture ne fasse partie des quatre thèmes retenus par le gouvernement pour structurer l’animation du Grand débat national, la direction de Beaux Arts Magazine s’est associée à la Fondation du patrimoine pour concevoir une plateforme parallèle dans les délais de la consultation.
Bien que les revendications autour de l’accès à la culture ainsi que son aménagement sur le territoire aient été rares parmi les témoignages des gilets jaunes, les deux organismes espèrent que les concertations organisées dans les collectivités laisseront plus de place à la discussion autour des politiques culturelles.
Pour Célia Vérot, la directrice de la Fondation du patrimoine, face à des “problèmes du quotidien qui se sont retrouvés en première ligne”, la culture et la sauvegarde du patrimoine “créent des activités et des lieux pour que les gens puissent se retrouver. Cela peut répondre à un sentiment d’isolement et susciter du développement économique”.
“L’exclusion sociale est toujours liée à l’exclusion culturelle. La culture est aujourd’hui présente partout dans la vie des gens, mais il y a un échec de la démocratisation culturelle”, renchérit Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux-Arts.
“Enormément de questions se posent : l’accès à des transports pour rejoindre des équipements culturels, la déficience de l’aménagement dans certaines zones blanches, les restrictions budgétaires ou les rémunérations dans la culture”, ajoute celui qui espère “libérer la parole”.
Dépasser une politique de l’offre ?
Pour l’instant, peu d’acteurs culturels se sont pourtant saisis de la vitrine du Grand débat national pour en discuter. La scène nationale de Toulon a ainsi récemment tenu un débat public sur la culture et la citoyenneté. « On ne veut pas se situer comme donneurs de leçons, mais on veut amener les uns et les autres à s’interroger sur la place de la culture dans leur vie, sur le rôle de la culture comme intégrateur social, élément qui rassemble, qui lutte contre les haines… », a expliqué la co-directrice du théâtre Liberté, Pascale Boeglin-Rodier au quotidien Var-Matin.
Pour la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), par la voix de son président, Jean-Philippe Lefèvre, le fait que “la question culturelle n’émerge pas, c’est une donnée”. “On a tous collégialement pratiqué une politique de l’offre avec l’idée d’une culture sachante de prescription. Les gens veulent autre chose et faire ensemble”, explique-t-il, saluant le lancement d’un dispositif dont il est curieux de voir les résultats.
Jusqu’au 15 mars, la plateforme participative agrégera des solutions pour “assurer une plus juste diffusion de l’offre culturelle sur tout le territoire”, “développer et encourager les pratiques amateures chez les jeunes” ou encore “sauvegarder le patrimoine en l’adaptant aux besoins d’aujourd’hui”.
L’appel aux collectivités
Plusieurs problèmes et solutions ont déjà été identifiés, comme l’octroi d’une partie de la taxe de séjour au financement du patrimoine, ou la mise en place d’un partenariat entre des établissements scolaires et des institutions culturelles.
Deux débats publics en soirée sont déjà prévus : le 5 mars à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et le 10 mars au Centquatre.
A l’image de ce qui est proposé sur la plateforme du Grand débat national, libre aux collectivités et aux institutions d’en organiser d’autres. L’association des Maires de France a ainsi été sollicitée pour faire le relais de l’initiative au même titre que d’autres syndicats, associations et structures culturelles. Fabrice Bousteau confie avoir déjà reçu plusieurs appels de communes franciliennes et de centres d’art intéressés.
Mi-avril, une synthèse des contributions sera publiée en ligne les propositions les plus débattues et recueillant le plus de votes seront transmises au ministre de la Culture, Franck Riester, qui a promis d’y être “particulièrement attentif”.
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