Ils sont nomades, vivent dans une caravane et bougent souvent en été pour suivre les rassemblements évangéliques sur tout le territoire. Ils vivent en communauté. On les a longtemps appelés « gitans », terme péjoratif qui évoque la stigmatisation par la majorité sédentaire de cette minorité qui a choisi un mode de vie différent. On les confond souvent avec les Roms. Or, ceux que l’on appelle désormais « gens du voyage » ou « voyageurs » sont français dans leur immense majorité. Mais certains d’entre eux ont encore du mal à trouver leur place et un habitat correspondant à leurs coutumes. Cela dépend du territoire : parmi les bons élèves, 19 départements ont entièrement achevé leur schéma d’accueil, c’est-à-dire qu’ils ont rempli leurs obligations de construction d’aires d’accueil et de grand passage, prescrites par la loi « Besson » du 5 juillet 2000. Mais globalement, le compte n’y est pas.
En février 2017, la Cour des comptes a dressé un bilan quelque peu sévère. « Deux ans après, les chiffres n’ont, hélas, guère évolué, regrette Dominique Raimbourg, président de la Commission nationale consultative des gens du voyage : les aires d’accueil sont réalisées à 71,6 % et les aires de grand passage, à seulement 49 %. » En effet, il y a, d’une part, les aires d’accueil, destinées à héberger des familles pour une durée limitée de quelques semaines à quelques mois. Ces espaces disposent de points d’eau, de sanitaires et de raccordements électriques. D’autre part, il existe les aires de grand passage, d’une plus grande superficie, équipées en eau et en électricité, qui accueillent des groupes importants entre mai et octobre, pendant les grands rassemblements évangéliques.
Installation pour l’année scolaire
Par ailleurs, les sages de la Rue Cambon ont relevé un phénomène grandissant : la volonté des gens du voyage de s’installer sur un territoire, au moins neuf mois par an, pendant l’année scolaire. Des aires d’accueil sont de plus en plus occupées « à demeure » par des familles qui y restent presque toute l’année. D’où le principe de création de terrains familiaux, de petite taille, destinés à une ou deux familles, prescrits par la loi « égalité et citoyenneté » du 27 janvier 2017.
L’autre piste pour répondre à cette tendance à la sédentarisation est l’habitat adapté qui consiste en une maison avec un emplacement de caravane dans le jardin, le plus souvent. Des projets voient le jour mais sont longs à se concrétiser en raison, notamment, de la complexité des financements. Une chose est sûre : les pratiques sont meilleures là où une structure gère l’accueil des gens du voyage à l’échelle du département. Et là où les collectivités se regroupent pour remplir leur mission.
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Gens du voyage et collectivités : des relations toujours complexes
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