Attendue. Espérée. Indispensable, même. La communication par le Gouvernement des modalités d’analyse et de restitution du Grand débat national apporte des réponses aux plus sceptiques de l’après-consultation citoyenne. Car à mi-parcours, de ce Grand débat national et à plus de 6 000 réunions organisées dans toute la France (dont 2 500 ont déjà eu lieu) et plus de 850 000 contributions postées en ligne sur la plateforme dédiée, le Gouvernement se devait de rendre compte de ce qu’il allait en devenir.
Transparence
Dans sa communication « Point d’étape sur le Grand débat national » présentée au conseil des ministres de ce mercredi 13 février, le Gouvernement s’est engagé sur trois grands principes : l’exhaustivité (« toutes les contributions individuelles et collectives seront prises en compte »), la transparence (« les contributions sont disponibles en open data dans le respect des données personnelles ») et la pluralité (« la multiplicité des formes de témoignages et des prises de position seront prises en compte, tout en permettant de diversifier les analyses »).
En pratique, les modalités d’analyse et de restitutions choisies par le Gouvernement diffèreront selon leur origine : plateforme numériques ou « sous format libre » tels que les cahiers citoyens (« cahiers de doléances »), courriers, autres…
Ainsi, les contributions numériques reçues jusqu’au 18 mars feront l’objet d’une exploitation quantitative et qualitative par OpinionWay, entreprise privée de sondages politiques et d’études marketing. Ce choix gouvernemental ne manquera pas de faire grincer les dents des experts de la démocratie participative qui fustigeaient déjà l’assimilation du grand débat à un sondage d’opinions.
Quant aux autres contributions, « dont la collecte s’arrêtera le 20 février » précise le Gouvernement dans sa communication, elles seront transmises à la Bibliothèque nationale de France, qui se chargera de référencer, d’indexer, de numériser leurs contenus et de retranscrire ceux qui sont dactylographiés. Matignon s’engage également à ce qu’une fois numérisés, ces documents manuscrits fassent l’objet d’une retranscription « par un prestataire en cours de sélection », puis analysés par « un consortium piloté par Roland Berger, associé à Cognito et BlueNove ». Une sorte de lot de consolation pour ce dernier prestataire qui à l’origine était pressenti pour remporter le marché de la plateforme numérique.
Enfin, le Gouvernement rappelle que l’ensemble des contributions au débat seront disponibles en « open data dans le respect de la gestion des données personnelles ». Ce qui permettra, précise la communication gouvernementale, que « tous ceux souhaitant s’en saisir pour réaliser leurs propres analyses, et notamment au sein du monde académique, pourront le faire ».
Nouveaux rendez-vous
Dans sa communication de ce 13 février, le Gouvernement en profite pour annoncer « de nouveaux rendez-vous pour faire vivre le Grand débat ».
Jusqu’à début avril et dès cette semaine, sont annoncés « des stands mobiles » qui se déploieront dans les bureaux de poste et dans les gares de chaque région afin d’aller à la rencontre des passants et leur permettre de prendre part au grand débat.
Dans la première quinzaine de mars, des conférences sur chacun des 4 thèmes mis au débat seront organisées au niveau national. Elles regrouperont les corps intermédiaires (organisation syndicales et patronales, associations, élus…).
Enfin, comme annoncé en janvier, à l’issue de la phase de collecte des contributions, 18 conférences citoyennes régionales (une par région métropolitaine et cinq pour l’Outremer) se tiendront au cours des week-ends des 15 et 16, 22 et 23 mars. Conformément aux recommandations des garants, celles-ci regrouperont des citoyens tirés au sort par génération aléatoire de numéros de téléphone. A ces 18 conférences, s’ajoutent une conférence citoyenne spécifiquement dédiée à la jeunesse et un débat au Parlement « au début du mois d’avril ».
Tout ceci pour tenir le cap des premières décisions « avant la mi-avril, comme annoncé dans la lettre aux Français publiée le 13 janvier dernier », promet le Gouvernement.
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