Le dispositif du gouvernement s’affine. En charge du volet « élus » du grand débat, le ministre chargé des collectivités des territoriales va s’appuyer sur un club de maires. Une structure informelle qu’il a réunie pour la première fois ce 17 janvier 2018 à Paris. Un cercle dans lequel les représentants de la majorité se taillent la part du lion, à l’instar de la maire LREM de Vorey (Haute-Loire), Cécile Gallien et de son collègue MODEM d’Autun (Saône-et-Loire) Vincent Chauvet. Figurent aussi dans ce cénacle, le premier magistrat de Vesoul, Alain Chrétien, membre du mouvement Agir, présidé par le ministre de la Culture Franck Riester.
Mais ce comité accueille également des maires ruraux sans étiquette et Anne Hidalgo, représentée ce 17 janvier par son adjointe à la participation citoyenne Pauline Véron.
Rôle de facilitateur
« Cette famille de maires sera là pour s’assurer que, dans l’art de l’exécution, tout se passe bien », explique Sébastien Lecornu. Pour ce faire, le gouvernement dispensera des tutoriels vidéos. Le comité des maires se veut aussi proactif. Le premier magistrat d’Autun a, par exemple, proposé d’adresser aux organisateurs nationaux des captations-vidéos des débats en vue de la synthèse finale. Une piste retenue par Sébastien Lecornu.
Mais pas question pour ces maires de trop se pousser du col. « Je n’interviendrai pas dans les débats. Je ne serai d’ailleurs pas forcément là », indique Alain Chrétien. « Nous serons, avant tout, des facilitateurs », approuve Cécile Gallien. Cela passe par la mise à disposition de salles municipales. Une opération qui peut se heurter à des obstacles juridiques. « Notre règlement, à Autun, ne le permet pas en dehors des campagnes électorales pour une raison que j’assume complètement : nous voulons éviter les réunions du Rassemblement national », explique Vincent Chauvet. Du coup, la ville va devoir modifier ses textes.
Elle allouera des salles aux débats, mais devra composer avec un calendrier de réservation déjà bien remplis. « Cela ne pourra pas être open bar », prévient Vincent Chauvet. Au moment des débats, les élus promettent d’être discrets. « Je n’interviendrai pas, promet Alain Chrétien. Je ne viendrai d’ailleurs peut-être pas. »
L’AMF sur la réserve
La vice-présidente de l’Association des maires de France Cécile Gallien a beau faire partie du nouveau comité des maires de Sébastien Lecornu, ce n’est toujours pas l’entente cordiale entre la principale association d’élus locaux et le gouvernement. Le numéro deux de l’AMF, le socialiste André Laignel ne cache pas ses réserves sur la place, centrale, accordée aux maires dans le grand débat. Il y voit même une manœuvre de l’exécutif pour transférer son impopularité aux édiles. Aux yeux d’André Laignel, les maires n’ont rien à faire dans une consultation qui touche au pouvoir d’achat et à l’ISF. « Quand un certain nombre de nos concitoyens remettent en cause le consentement à l’impôt et à la démocratie représentative, j’ai la faiblesse de penser que cela concerne les élus locaux », riposte le ministre chargé des collectivités Sébastien Lecornu.« Ce n’est pas en bougonnant dans son coin qu’on fait avancer la sérénité des débats », renchérit le maire de Vesoul, Alain Chrétien.
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Grand débat national : quelles mobilisations dans les territoires, pour quels effets ?
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