Fortement mobilisés dans les villes moyennes et grandes, les gilets jaunes semblent pour l’instant absents dans les banlieues. Hormis quelques appels à manifester, émanant notamment du comité Vérité et Justice pour Adama Traoré, ce jeune homme mort à la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise en 2016, ou du collectif « Banlieues Respect », les habitants des quartiers sensibles n’ont pas été beaucoup représentés dans les revendications du mouvement.
Pour le sociologue Olivier Galland, ces habitants peuvent en effet « s’identifier assez facilement à ces difficultés ou frustrations exprimées », mais dans ces « quartiers périphériques où se concentre une grande pauvreté, il n’y a pas de convergence avec cette révolte d’une France plutôt provinciale ». Il estime cependant que « cela serait très grave d’oublier les banlieues » dans le grand débat national organisé par le gouvernement.
Le mouvement des gilets jaunes a jusqu’à maintenant peu mobilisé dans les banlieues, comment l’expliquez-vous ?
En Seine-Saint-Denis, département métropolitain le plus pauvre, nous n’avons en effet pas vu beaucoup de gilets jaunes. Il n’y a pas encore d’étude exhaustive sur ce mouvement et sa composition, mais nous pouvons constater que la partie la plus pauvre de la population n’est pas au cœur du mouvement. Il s’agit plutôt d’une France des classes populaires, des revenus modestes, pas des plus pauvres.
Les banlieues sont souvent des quartiers périphériques, où se concentre une grande pauvreté, où les habitants participent très peu à la politique, ne votent pas et se mobilisent peu. On le voit dans ce mouvement comme dans d’autres, on est d’autant plus actif politiquement et socialement qu’on est inséré dans la société. Les manifestants sur les ronds-points ont souvent un emploi, ils ne sont pas désocialisés et isolés.
Existe-t-il cependant un soutien du mouvement dans ces quartiers ?
[60% reste à lire]
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes