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La France est en proie à une forte poussée de fièvre. Face aux spasmes violents qui se reproduisent chaque samedi, l’urgence est de sortir le malade des Champs-Elysées, préfectures et autres ronds-points. Et le réflexe, comme un geste de premier secours, est d’évaluer la gravité des maux.
L’Association des maires ruraux de France (AMRF), la première, a voulu permettre un premier diagnostic en recueillant les doléances et propositions des Français déposées en mairie. Elles seront transmises aux préfets de département pour une synthèse, annoncée fin janvier. Le Conseil économique social et environnemental (Cese) devrait livrer, à la même date, les résultats de sa propre étude. Et, dès la mi-janvier, le grand débat national sera lancé, s’appuyant sur la Commission nationale du débat public (CNDP). Que de thermomètres brandis quasi concomitamment !
Besoin d’écoute
Mais tous présentent des limites. La démarche de l’AMRF ne couvre « que » la France rurale et ne propose aucun mode d’analyse. La CNDP devrait, d’un point de vue méthodologique, laisser une grande place au numérique, tout comme l’enquête du Cese qui repose sur une consultation en ligne. Ces outils de mesure sont-ils adaptés ? On peut en douter : l’un des motifs de grogne des « gilets jaunes » est d’être entendus mais pas écoutés. Plus que du recueil et du traitement de données sociologiques, c’est de dialogue dont la France semble avoir envie.
Effet placebo
La grande interrogation concerne ce que le gouvernement entend faire de la masse de témoignages et de propositions recueillis. Certes, il aura là une manne que sociologues et autres géographes seront ravis d’exploiter. Mais politiquement, passer du diagnostic au soin sera compliqué. Que pourra faire le gouvernement du grand débat national, s’interroge Patrick Le Lidec ? Et, surtout, alors qu’Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé, lors de ses vœux, vouloir garder le même remède pour la France, à quoi tout cela servira-t-il ? L’effet placebo risque d’être, pour le moins, décevant…
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