Emmanuel Macron a donc, le 10 décembre, concentré sur le pouvoir d’achat ses annonces destinées à répondre aux revendications des « gilets jaunes ». Leur montant s’élèverait, globalement, à 10 milliards d’euros en faveur des Français les plus modestes et une partie des retraités, avec un impact sur les déficits publics chiffré à 0,7 point, soit 3,4 % du PIB. Ni la fonction publique ni les fonctionnaires n’ont été cités dans le cadre de ce que certains appellent un « virage social ». La mesure sur les heures supplémentaires défiscalisées profitera cependant aux agents publics qui en effectuent, comme l’accélération de la hausse de la prime d’activité (mais avec quelle ampleur ?).
Questions sans réponses
Le président de la République s’est en revanche montré peu disert sur le volet des « territoires en souffrance », cette autre revendication des « gilets jaunes » : quels moyens seront déployés pour mettre un terme à la désertification ? Comment résoudre le manque de transports publics dans les zones rurales, alors que la loi « mobilités » n’offre, à ce stade, aucune solution concrète ?
A vrai dire, Emmanuel Macron n’est pas resté muet au sujet de la cohésion ou de l’égalité des territoires. Il a posé des questions. Celles de « l’organisation de l’Etat, de la manière dont il est gouverné et administré depuis Paris, sans doute trop centralisé depuis des décennies. Et [celle] du service public dans tous nos territoires ».
Retour en grâce
Ces questions seront soulevées lors de la grande concertation que pilotera le Président. Il était donc logique qu’il n’annonce rien de concret, à ce stade. D’autant plus que les débats locaux seront animés par les maires, courtisés comme jamais. Emmanuel Macron s’est opportunément souvenu de leur existence, alors que l’Etat ne reconnaissait jusqu’ici d’efficacité qu’aux mammouths intercommunaux de la réforme territoriale…
Aux fantassins de la République, dont c’est le retour en grâce, de canaliser les propositions, de faire émerger les solutions. A condition que la concertation débouche sur du concret. La balle est dans le camp des élus locaux, semble signifier Emmanuel Macron. A moins que ce ne soit la patate chaude.
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