La fonction publique ne figurait nulle part à l’ordre du jour du 101e congrès des maires, qui s’est déroulé du 20 au 22 novembre. Surprenant, alors même que se profile pour le premier semestre 2019 une loi de réforme de la fonction publique… Un oubli ? C’était, de toute façon, sans compter la capacité d’Emmanuel Macron, adepte de Machiavel, à bousculer les agendas et à prendre à revers.
Coup double
Lors du « contre-congrès des maires » du 21 novembre, au palais de l’Elysée, devant 2 000 élus locaux, il affirme vouloir « mettre les pieds dans le plat ». Et exige à nouveau que soit posée sur l’établi législatif la gestion différenciée des trois fonctions publiques. Le coup est double.
D’abord, il fait mine de répondre à la demande d’une décentralisation « réelle », en rappelant aux élus qu’en tant qu’employeurs, ils doivent assurer la gestion de la masse salariale de leur collectivité. Une façon aussi de faire siens les propos de la ministre Jacqueline Gourault : après l’« appel de Marseille », elle avait asséné que les élus locaux ne veulent manifestement pas plus de décentralisation, puisqu’ils refusent la décorrellation du point d’indice !
En expliquant, ensuite, que l’Etat ne peut pas augmenter par exemple les infirmières, car « mécaniquement, par le jeu du point d’indice, ce sont tous les agents qui seraient augmentés », Emmanuel Macron s’attire aussi les grâces du grand public. L’urgence, ce serait donc de « desserrer l’étau et avancer ».
Gestion différenciée
Du côté des cabinets ministériels, des syndicats (en période d’élections professionnelles !), des associations d’élus et de territoriaux, le coup est dur. L’année de concertation, pourtant menée à rythme (trop ?) soutenu par Olivier Dussopt, semble balayée. Tout serait à reprendre avec, pour cap présidentiel, la fin d’une fonction publique « à trois versants ».
Les plus macroniens expliquent que cette gestion différenciée se traduirait « simplement » par une gestion plus fine, avec des instances de dialogue dédiées, plus agiles. Mais tous constatent que le président de la République fait ce qu’il a dit qu’il ferait… Attention ! On n’a pas entendu « n’en fait qu’à sa tête ».
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