La métropole du Grand Paris (MGP) ne sera-t-elle bientôt qu’un souvenir ? Réunis au sein de l’Alliance des territoires, 122 maires du coeur de l’agglomération parisienne ainsi que 11 présidents d’établissements publics territoriaux (EPT) souhaitent désormais ouvertement la fin du groupement urbain fondé le 1er janvier 2016. Ils vilipendent « la monstropole » pour mieux ranimer les mannes du syndicat mixte d’étude Paris Métropole mis en place en 2009.
Une solution qui, pour Vincent Jeanbrun, maire LR de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), permettrait « de mettre tout le monde d’accord, puisqu’Emmanuel Macron est dans l’incapacité de décider ». Le syndicat mixte, selon cet élu proche de la présidente de la région Valérie Pécresse, « apporte des réponses à des problématiques que personne ne peut résoudre seul ».
Cette option, plaident ses partisans, n’ajoute pas une couche de plus à l’extravagant millefeuille institutionnel de la région capitale. Elle permet d’associer des entités de nature différente : le conseil régional, les conseils départementaux, les EPCI, la ville de Paris et les communes. Depuis ses origines, Paris Métropole embrasse large. Son périmètre, contrairement à la MGP, ne se réduit pas à Paris et à la petite couronne.
Un retour à la case départ que les élus ont promu lors d’une rencontre, ce 12 novembre 2018 chez Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires. A la sortie, ils se sont dits convaincus d’avoir été « écoutés et entendus ».
Mécano financier controversé
Ils ont reçu, assurent-ils, une oreille particulièrement attentive au moment où ils ont évoqué leurs problèmes financiers. La question centrale. Conjuguée à la baisse des concours de l’Etat, la création de la métropole et des EPT a, selon ces élus, déstabilisé tout l’édifice financier. Même s’ils ont préservé, à titre exceptionnel, les 55 millions d’euros de dotation d’intercommunalité que la loi NOTRe transférait à la MGP à compter de 2019, il leur faudra demander un nouveau délai de grâce l’an prochain.
A quelques mois des municipales, les élus refusent de choisir entre fermer des services publics, actionner le levier fiscal ou, pire encore, faire les deux à la fois. « Ce n’est ni logique ni fondé, dénonce Jean-Didier Berger, maire LR de Clamart (Hauts-de-Seine) et president de de l’EPT de Vallée Sud Grand Paris. On ne demande pas plus d’argent, mais qu’on nous laisse exercer nos compétences. »
Transferts de compétences imposés
Durant près de 90 minutes, les élus ont donc pu exposer à la ministre Jacqueline Gourault – et en présence du préfet de région, Michel Cadot – leur ras-le-bol face à des transferts de compétences des communes vers les EPT qu’ils ne contrôlent pas. « L’an passé, c’était le droit de préemption, là c’est l’aménagement, l’an prochain, ce sera les commissions d’attribution de logements et il faudra ensuite fusionner les offices de l’Habitat », s’irrite Jean-Didier Berger.
Pour Michel Leprêtre, président PCF de l’EPT de Grand Orly Seine Bièvre, le compte y est d’autant moins que la MGP ne remplit pas sa mission en terme d’attractivité et de solidarité. Le groupement urbain, selon lui, ne marche pas sur « ses deux jambes. » Bien qu’il se défende « de vouloir voler l’argent des territoires », Michel Leprêtre plaide pour un meilleur partage des richesses : « On ne boucle pas le budget de la même manière dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis ! »
Mais pour l’heure, ni la présidente de l’Ile-de-France, ni ses homologues des sept départements de banlieue, qui se serrent les coudes depuis près de trois ans, n’ont été invités à se prononcer sur le scénario de l’Alliance des Territoires.
Les EPT attendent, néanmoins, une réponse rapide de Jacqueline Gourault. La ministre devait rendre compte, dès ce 12 novembre au matin, au Premier Ministre Edouard Philippe du résultat de son échange avec les territoires. « Elle a bien compris qu’une réforme du Grand Paris était nécessaire en 2019 », semble déjà convaincu Jean-Didier Berger.
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