Par la voix d’Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des comptes publics, le gouvernement propose que les emplois fonctionnels au sein des collectivités locales soient ouverts aux contractuels. La nouvelle panacée, sans doute, pour plus de compétences, de dynamisme, de rigueur, d’efficacité et de transparence dans la gestion des collectivités… C’est ce que sous-entend la présentation alambiquée du secrétaire d’Etat à votre hebdomadaire (« Nous ne sommes pas dans une logique
d’extinction du statut », entretien avec Olivier Dussopt, « La Gazette » du 30 juillet, ndlr).
La contractualisation, déjà une réalité
La contractualisation dans la fonction publique est déjà une réalité, et pas seulement sur les emplois de cabinet. Elle l’est pour pallier des absences de plus ou moins longue durée, pour s’adjoindre des savoir-faire spécifiques ou faire face à l’absence de candidats sur tel ou tel poste.
Elle l’est, avec des exigences de compétences au moins égales à celles des fonctionnaires, et ce, sans opposer statut et contrat. Ce sont les deux faces d’une même pièce, au service de la même mission d’intérêt général.
Les collectivités locales s’en portent plutôt bien, elles votent leur budget en équilibre et créent du PIB là où l’Etat accumule les déficits et les désengagements.
Les territoriaux, et singulièrement les statutaires, sont donc plutôt efficaces, car bien formés. Quel est le vrai problème, monsieur Dussopt ? Pas celui de la place des contractuels (peu importe au fond), mais celui de l’idée que l’on se fait de la place des territoires dans la République.
Qu’attendez-vous pour rapprocher l’ENA et l’Inet ?
Si cette place est bien celle que je crois, essentielle, qu’attendez-vous pour rapprocher l’ENA et l’Inet afin de dispenser une culture commune « Etat et territoires » ? Voilà bien les deux faces d’une même pièce ! Ce serait fluidifier le passage entre administration centrale et territoires, et ainsi assurer une totale complémentarité d’intérêt, celui de l’action publique.
Les élus sont confrontés à un éventail toujours plus large de compétences, qui dépendent elles-mêmes de procédures toujours plus complexes et de ressources budgétaires particulièrement contraintes. Ils ont également à gérer des ressources humaines et à organiser les services. Pour les accompagner, il leur faut, en conséquence, pouvoir compter sur des directeurs qui disposent d’une formation de haut niveau et d’une technicité avérée.
Pour favoriser l’accès aux responsabilités à des amis ?
Quelles que soient les imperfections du concours, il reste un socle sur lequel s’appuyer pour s’assurer de cette expertise indispensable au bon fonctionnement d’organisations complexes.
L’ouverture aux contractuels sur ces postes serait donc destinée à ceux qui n’ont pas réussi le concours… Mais pourquoi ? Pour favoriser l’accès à ces postes de responsabilité à des relations, des amis, des militants, etc. ?
Sinon pourquoi cette priorité, alors que nous déplorons tous la difficulté pour les titulaires du concours de passer d’une administration à une autre, le manque de respect patent des règles de publicité des postes vacants, parfois même les emplois contractuels de complaisance, sans oublier l’humeur du temps.
Alors, quelle est vraiment la priorité ?