La mise en mouvement des organisations dans un contexte budgétaire restreint passe par une redéfinition des services publics attendus. C’est le premier axe d’évolution. Dès lors que toutes les marges de manœuvre ont été purgées, comment maintenir un service non dégradé ? Prendre en compte le besoin citoyen, assurer les arbitrages, identifier les synergies public-privé, et enfin évaluer, devient une ardente nécessité.
S’agissant de l’évaluation, ces dernières années, seules les logiques purement gestionnaires ont été privilégiées. Rien sur les impacts humains, environnementaux et économiques. Refonder des indicateurs plus « macro » reviendrait à opérer dans le public le travail engagé par les économistes sur la refonte du PIB. Il s’agirait de créer un indicateur de valeur plus conforme aux enjeux sociétaux, ce qui permettrait d’enrichir le dialogue avec les habitants.
Entretiens professionnels à soigner
Les organisations territoriales sont peu mûres dans le domaine managérial, et complexes du fait de la dualité de la gouvernance élus-administration. Il y a là un deuxième axe d’évolution. Un projet politique fort, bien compris des agents, est un préalable à l’appropriation par les équipes. La culture managériale repose sur l’exemplarité des élus et des cadres, la confiance accordée aux équipes et des politiques de formation adaptées. Il conviendra pour les cadres d’apporter une attention particulière à la qualité des entretiens professionnels qui permettent d’avoir un temps d’échange approfondi. Définir des objectifs autres que quantitatifs n’est pas simple. Etre en capacité de féliciter comme de sanctionner les hors-jeu sans rester dans la zone grise du non-dit suppose un certain courage.
Reste à « consolider » les encadrants par le développement de capacités d’écoute, de communication active et de développement des réseaux. L’arrivée du compte personnel de formation va induire des changements de posture dans la construction des plans de formation. Il conviendra d’analyser avec les agents leurs aspirations pour les aider à construire un parcours professionnel au-delà du seul horizon de leur collectivité. Et prévenir les risques d’inaptitudes en cours de carrière.
Plateforme de responsabilité sociale inspirée du privé
Le troisième axe d’évolution concerne la responsabilité sociale des organisations (RSO). Les employeurs locaux ont la responsabilité de la bonne marche de leur « corps social ». Motivation, fidélisation des agents, prise en compte des équilibres vie privée vie professionnelle sont les garants d’une bonne « santé au travail ». Le principe d’une participation obligatoire des employeurs publics, à l’instar du privé, tant pour la prévoyance que pour la santé donnerait une visibilité aux opérateurs et une garantie sociale aux agents.
Cette responsabilité sociale, les collectivités l’ont à l’égard des acteurs de leur territoire dans le cadre de la responsabilité sociale des organisations : citoyens, entreprises, tissu associatif… Directement inspirée de la RSE au sein des entreprises, la RSO se renforce ces dernières années. Pourquoi ne pas envisager, à l’instar du privé, une plateforme « RSO » pour les collectivités telle que celle installée par le Premier ministre au sein de France Stratégie en juin 2013 ? Une transposition au monde local permettrait des échanges d’expériences sur le long terme et une culture inspirée des recommandations en matière de développement durable.