Le gouvernement tiendra-t-il ses engagements en faveur des banlieues ?
Deux mois après la présentation d’une feuille de route destinée à « garantir les mêmes droits aux habitants des quartiers qu’à ceux des autres territoires », le projet de loi de finances pour 2019 entérine en tous cas une augmentation du budget de la politique de la ville qualifiée de « sans précédent » par le commissaire général à l’égalité des territoires, Serge Morvan.
En effet, selon les chiffres fournis par le ministère de la Cohésion des territoires, le budget de la politique de la ville devrait s’élever à 513 millions d’euros, soit une hausse de près de 20% par rapport à 2018, équivalent à 85 millions supplémentaires.
Déclinaison de la feuille de route de juillet
Cette enveloppe, propre au ministère de la Cohésion des territoires, est destinée à financer une série de mesures contenues dans la « feuille de route » de juillet :
- 1000 postes d’adultes-relais dès 2019, qui s’ajoutent aux 4000 postes existants sur des missions de médiation sociale dans les quartiers,
- le doublement à 1500 des postes de coordonnateurs associatifs, dits «FONJEP , avec une subvention par poste majorée de 5000 à 7000 euros par an, sur plusieurs années,
- 15 millions d’euros supplémentaires pour financer l’action des « associations nationales structurantes », dont la liste n’est pas encore connue.
Parmi les autres actions qui bénéficieront de crédits : le lancement des cités éducatives sur une soixantaine de quartiers (12 millions d’euros supplémentaires pour développer des PRE renforcés), la création de postes Atsem en écoles maternelles dans les écoles REP+ des futures cités éducatives (22 millions d’euros), le développement des stages de 3e en REP+ (2 millions d’euros) ou encore l’accompagnement de 100 000 jeunes de quartiers via le parrainage pour l’emploi et les Cordées de la réussite qui favorisent le tutorat (3millions d’euros supplémentaires)…
Soucieux de rassurer des élus de banlieues échaudés par les coupes drastiques dans le budget 2017, l’exécutif souligne que les crédits de droit commun, qui financeront le déploiement de la police de sécurité du quotidien, la relance des emplois francs ou encore la lutte contre le logement indigne, bénéficieront directement aux quartiers prioritaires. Cette mobilisation des ministères fer d’ailleurs l’objet d’une communication lors de la présentation du PLF à l’Assemblée nationale.
« On n’a jamais connu une évolution aussi positive dans un contexte budgétaire particulièrement serré » insiste Sébastien Jallet, directeur de la politique de la ville au CGET, qui rappelle que la dotation de solidarité urbaine (DSU) connaîtra une progression de 90 millions d’euros en 2019 pour atteindre 2,3 milliards d’euros. « C’est vraiment du plus car on est dans un contexte inédit où la DGF est stable » indique-t-il. Quant à la dotation de la politique de la ville (DPV), elle est sanctuarisée à 150 millions d’euros pour 2019.
Rénovation urbaine : les engagements confirmés
Concernant la rénovation urbaine, l’Etat confirme les engagements pris dans le courant de l’année : sa contribution au financement du nouveau programme (NPNRU) s’élève à 25 millions d’euros en 2019 contre 15 en 2018, soit 10 millions d’euros supplémentaires. Par ailleurs, au-delà des crédits de paiement qui suivent la courbe des réalisations, l’Etat garantit son apport de 200 millions d’euros au cours du quinquennat : 185 millions d’euros en autorisation d’engagement qui s’ajoutent aux 15 millions de l’année dernière.
Reste maintenant à mettre en musique la feuille de route et les moyens qui y sont affectés. « Des éléments de cadrage sont attendus dans les prochaines semaines sur la déclinaison de cette feuille de route via les contrats de ville et dans le cadre du Pacte de Dijon », précise-t-on au CGET.
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