« Paris en grand », telle est la métropole mondiale imaginée par Roland Castro dans son rapport sur le Grand Paris, commandé par le Président de la République. « Il faut le lire, il est lisible, pas chiant et il est cool, ce n’est pas une compilation mais quelque chose écrit de ma main, avec la contribution signée par des acteurs de cette aventure », poursuit l’architecte, sans langue de bois.
169 pages remises il y a trois jours à Emmanuel Macron et articulées autour de « sept bonnes raisons de relancer le Grand Paris maintenant », qu’il s’agisse d’urgence climatique, environnementale, sociale ou d’opportunités comme le Grand Paris Express, le Brexit ou les Jeux olympiques.
En revanche, l’architecte ne s’est pas hasardé sur la gouvernance, qui ne figurait pas sur sa feuille de route, pas plus que sur la question du périmètre du futur Grand Paris, même si l’actuelle Métropole (MGP) n’est à ses yeux « pas assez grande. » Sur la légitimité de la collectivité, il hésite mais ne répond finalement pas, insistant sur son « envie que l’on discute, avant, des projets. »
En finir avec la politique de la ville
Le Paris de Roland Castro est « un immense territoire de voyage pour tous », qui veut « en finir avec la politique de la ville, donner les moyens d’une Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) privée liée à une Anru publique », se transformer « en un grand oasis métropolitain » pour régler les problèmes climatiques, donner « le droit à l’urbanité pour tous », privilégier le beau, remodeler plutôt que détruire et reconstruire, et réaliser quelque chose qui soit « discuté, concerté » alors qu’il n’y a « rien eu d’intelligent depuis le Front populaire » et le plan d’aménagement d’Henri Prost. Et il regrette qu’une série “d’actions prioritaires”, identifiées par Jean-Louis Borloo “n’aient pas été prises plus tôt.”
S’appuyer sur les maires
La construction de la métropole est soumise à la méthode du trident, impliquant État, communes et société civile. L’État doit « en finir avec le conservatisme », récupérer le foncier, montrer l’exemple, légiférer, régler la question du bruit et de l’inondable, briser les frontières.
À la charge des maires de regrouper leurs communes par projet, « au-delà des intercommunalités, départements ou voisinage » et de retenir pour « lieux majeurs, un port de Paris de Gennevilliers à Argenteuil, le canal de l’Ourcq, le parc de La Courneuve ou doter la Route nationale 2 du Bourget d’une avenue digne des Champs-Elysées.
Reste à la société civile l’opportunité d’encourager et « de laisser installer cafés provisoires, gymnathèques associant gymnase et livres, guinguettes ou échoppes » et que l’on cesse de vouloir tout contrôler », réclame Roland Castro. « Mais ce que je trouve pas mal c’est de savoir qui fait quoi. Je m’appuie beaucoup sur les maires. »
Des objectifs pour les JO de 2024 !
Dans sa grande vision poétique, Roland Castro place, aussi des objectifs à court terme, liés à l’organisation des Jeux Olympiques. D’ici deux ans, « toutes les villes prennent le nom de Paris (Paris-Saint-Denis, Paris-Versailles…) », un téléphérique est créé entre Belleville et Montfermeil, et d’ici 2024 le périmètre des Jeux devient « lieu de fabrication de Paris en grand » en laissant « une large liberté à l’initiative associative ou privée. »
Et tout comme il verrait bien la Présidence de la République déplacée “à Saint-Denis”, Roland Castro planifie, d’ici deux ans, l’annonce de la décentralisation “du ministère de la Culture à Vitry et celui de l’Intérieur à Bobigny.” Et pour que Paris soit “rendu à la Nation”, il est nécessaire, à ses yeux, de faire appel au “scénariste urbain” qu’il appelle de ses vœux pour travailler aux côtés des architectes.
« Merci de m’avoir permis de tenter de fabriquer une rêverie et une méthode démocratique qui pourraient rivaliser avec les grandes époques urbaines de notre pays, et donner ainsi un signal au monde », conclut Roland Castro à l’adresse d’Emmanuel Macron. Du général de Gaulle qui a laissé « une « œuvre littéraire mémorielle » à Nicolas Sarkozy qui laissera « le Grand Paris Express », laissant François Hollande seul à n’avoir « rien légué », Roland Castro souhaite qu’Emmanuel Macron saisisse « la possibilité de transformer visiblement le pays, que ce soit visible et sensible dans Paris en grand et dans tout le pays». Il n’est donc pas étonnant que le Président de la République ait souhaité que le rapport soit très largement concerté, dès maintenant. Sans se hasarder à commenter ou planifier…
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