Il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle publication scientifique pointe l’intérêt social et économique de la prévention. L’une des dernières en date, publiée par « Santé publique France » le 5 juin 2018 dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire, concerne un risque sanitaire émergent : les îlots de chaleur urbains.
« La création d’espaces verts irrigués est un facteur déterminant de modération des températures », pointent les chercheurs. Nombre de risques sanitaires concernent directement les compétences assumées par les élus locaux : pollution de l’air, qualité de l’eau, obésité des enfants… ou leurs obligations comme employeurs. En appeler à la prévention comme principe pouvant guider l’action collective remonte à des millénaires.
« Prévenez le mal avant qu’il n’existe ; calmez le désordre avant qu’il n’éclate », écrivait Lao Tseu [sage chinois, vraisemblablement à l’origine du taoïsme] dans le « Tao-tö-King » [« Livre de la voie et de la vertu »], au VI e siècle avant Jésus-Christ.
Toutefois, la prévention a longtemps occupé une place secondaire en France, surtout dans le système de santé relégué au second plan par le développement de la médecine curative.
Il faut d’ailleurs attendre 1998 pour que le terme apparaisse dans le code de la santé publique ! Dans la gestion des risques naturels aussi le curatif a longtemps été préféré au préventif. Dès le X e siècle, les ingénieurs français se sont employés à défendre les hommes et leurs activités contre l’eau, en bâtissant des ouvrages – l’Etat a recensé 9 200 kilomètres de digues fluviales et maritimes. Il faudra attendre les années 2000 pour que les travaux de recherche sur la réduction de la vulnérabilité apparaissent sur le terrain et soient déclinés dans les politiques de prévention des risques.
On attend que les crises aient lieu
Mais cette révolution culturelle n’a pas encore touché la majorité des communes. Car pour faire de la prévention, encore faut-il admettre que l’on est vulnérable. Trop souvent, on attend que les crises aient lieu. Rappelons que 22 personnes ont perdu la vie dans les inondations catastrophiques qui ont ravagé le Gard les 8 et 9 septembre 2002. Quatre ans plus tard, le département mettait en ligne l’observatoire du risque inondation.
« Le site propose en particulier un tableau de bord qui permet de mesurer l’état du risque départemental, son évolution au cours du temps, expose Nicolas Bouretz, directeur eau, environnement et aménagement rural au conseil départemental. Il est possible de suivre et d’évaluer les actions publiques dans le domaine de la prévention du risque inondation. » Une initiative qui reste première en France.
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Politiques de prévention, on a tout à y gagner !
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