L’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, en Italie, résonne tragiquement avec notre dossier « La prévention, on a tout à y gagner ! » de « La Gazette » du 27 août, qui constate, et déplore, un déficit d’appropriation de la culture de la prévention dans les politiques publiques. Certes, il n’est pas, à ce jour, établi qu’un défaut d’entretien est la cause du drame. Mais tout le monde se pose la question. Et elle doit être évidemment posée. A-t-on suffisamment surveillé l’ouvrage ? L’a-t-on entretenu, de sorte que des microfissures ne se transforment en failles béantes ? Bref, a-t-on prévenu le risque ?
Audits sur 3% du réseau seulement
Et en France, d’ailleurs, où en sommes-nous ? Le 10 juillet, le ministère de la Transition écologique et solidaire publiait une étude, résultat d’audits, montrant que 30 % des 12 000 ponts du réseau national non concédé sont à rénover, et qu’un pont, en moyenne, « n’est réparé que vingt-deux ans après l’apparition des premières dégradations ». Inquiétant.
D’autant plus inquiétant que ces audits ne portent que sur 3 % du réseau routier national, ignorant les 380 000 kilomètres du réseau départemental, et tous ses ouvrages. Or, conséquence de la baisse des dotations hier, les dépenses de voirie des collectivités ont fléchi de 19 % entre 2013 et 2015 (lire notre dossier « L’état des routes : pourquoi il est important d’agir » paru dans « La Gazette » du 23 avril). La contractualisation financière, aujourd’hui, n’arrangera rien.
L’efficience de la prévention
On sait donc désormais, objectivement, que nous sous-entretenons le réseau routier, et que nous paierons plus cher, demain, la curation de ce patrimoine (sa réparation) que sa gestion préventive (son entretien). On sait aussi que les approches préventives, dans tous les champs des politiques publiques, sont plus efficientes : moins coûteuses, plus durables, plus efficaces.
Les recherches scientifiques, trop méconnues, mesurent ces gains de plus en plus finement. Pourtant, l’action publique reste, en la matière, largement défaillante. Car pour changer de paradigme, il faut du courage, pour bousculer les intérêts particuliers, accepter d’apprendre de nouvelles manières de faire… Un long chemin nécessaire.
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Cet article fait partie du Dossier
Politiques de prévention, on a tout à y gagner !
Sommaire du dossier
- Politiques de prévention, on a tout à y gagner !
- Politiques de prévention : des initiatives payantes, sonnantes et trébuchantes
- Le courage de la prévention
- Politiques de prévention : des arbitrages trop souvent perdus
- Prévention : les élus à la traîne en matière de pédagogie et de formation
- « Un territoire résilient aura la capacité d’anticiper, de réagir et de s’adapter »
- Gouvernance : osez agir en amont, c’est une source d’économies !