L’histoire repasse les plats. Après « l’été meurtrier » de 2017, selon le mot de l’Association des maires de France (AMF), les relations sont à nouveau tendues ces dernières semaines entre le Président et les acteurs locaux. L’Association des administrateurs territoriaux de France a tiré la première, dénonçant « l’amendement scélérat » qui libéralise le marché des postes de direction dans les collectivités. Les syndicats, de leur côté, redoutent un recours systématique aux contractuels dans la FPT. Quant aux trois principaux groupements d’élus, l’AMF, l’Assemblée des départements de France et Régions de France, ils ont tout bonnement boycotté la Conférence nationale des territoires.
Principalement en cause : les contrats de maîtrise des dépenses de fonctionnement des plus grosses collectivités et des intercommunalités. Si 229 des 322 structures visées par ce dispositif ont apposé leur paraphe à ces documents le 12 juillet, les motifs d’inquiétude restent nombreux. Comme l’an passé, les perspectives du projet de loi de finances s’annoncent plutôt moroses pour les collectivités. Quelque 100 000 emplois aidés pourraient encore passer à la trappe. Emmanuel Macron va-t-il trop haut, trop vite, trop fort ? La question hante des acteurs locaux dans la torpeur de l’été, une période toujours propice aux coupes budgétaires…
Politique de la ville : ciel couvert pour les élus de banlieue
Priorité à l’emploi et à l’initiative économique dans les banlieues ! Depuis le discours de Tourcoing en novembre, le mantra présidentiel n’a pas bougé d’un iota. Il s’est même traduit par la signature d’un « paqte » (la lettre « q » pour quartier) avec les grandes entreprises françaises pour briser « les inégalités de destin » dès le plus jeune âge et accroître l’insertion professionnelle des habitants des quartiers prioritaires, qui « ont deux fois moins de chance d’avoir accès à un entretien d’embauche ». Une priorité destinée à favoriser l’émancipation des habitants par l’emploi au détriment d’une politique spécialisée qui ne donnerait pas de résultat. « L’erreur majeure d’Emmanuel Macron, analyse le député (UDI) de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde, c’est de dire aux habitants des quartiers « je ne crois pas dans les politiques publiques qui vous aideraient. A vous de vous aider vous-mêmes en trouvant du boulot ». »
Le sentiment est largement partagé parmi les élus de banlieue qui y ont vu une mise en cause de leurs actions. L’allusion du chef de l’Etat aux « deux mâles blancs », sous-entendu Jean-Louis Borloo et lui-même, s’échangeant un « plan » sur les banlieues, une méthode qui « ne marche plus », n’a toujours pas été digérée. Pas plus que la création inédite d’un Conseil présidentiel des villes, perçu par les élus comme une défiance envers leur légitimité démocratique. Au final, le plan fourre-tout présenté le 18 juillet ressemble à un énième plan « banlieue », dominé par cet appel à la mobilisation des entreprises, à la relance des emplois francs et au lancement du « testing » (tests anonymes) pour détecter les cas de discrimination à l’embauche. Pour le reste, parmi les mesures avancées, la plupart sont déjà connues, comme le dédoublement des classes de CP et de maternelle. Les appels à intensifier les moyens publics et à bâtir une « logique d’ensemble » sont restés lettre morte.
L’ADCF et France Urbaine à l’avant-garde
Présidées par Jean-Luc Rigaut (UDI) et Jean-Luc Moudenc (LR), l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et France Urbaine multiplient les gestes de bonne volonté. Après avoir dit oui aux contrats financiers de maîtrise des dépenses de fonctionnement des collectivités, elles ont participé à la Conférence nationale des territoires. Réunies au sein du pôle de la rue Joubert à Paris, l’ADCF et France Urbaine ont vendu au gouvernement leur pacte de Dijon qui érige l’intercommunalité en interlocutrice majeure de la politique de la ville. Edouard Philippe a signé ce document en compagnie de Jean-Luc Rigaut et de Jean-Luc Moudenc, le 16 juillet à Matignon. L’enthousiasme n’est cependant pas partagé par tous au sein du gouvernement. « A trop vouloir s’appuyer sur France Urbaine, forcément on irrite les autres », a taclé le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard dans « Le Monde ».
Finances locales : menaces sur les subventions accordées aux collectivités
Attention, budget 2019 sous haute tension. Actuellement discutés dans le cadre des débats d’orientation des finances publiques (DOFP), les crédits alloués à la mission « relations avec les collectivités locales » pourraient être en repli de 230 millions par rapport à l’an dernier.
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