Comment reconnaître les mécanismes qui mènent à la radicalisation ? Comment déceler les signes de dangerosité d’un jeune en rupture ? Comment évaluer le risque d’un passage à l’acte ?
Les questions soulevées par le professeur Séraphin Alava, coordonnateur du projet européen Practicies, montre l’évolution de la recherche scientifique sur ce champ nouveau de la radicalisation. Interrogé par la Gazette, il rappelle l’intérêt de ce projet pour identifier les bonnes pratiques menées dans les villes et trouver des outils pour faire face à la problématique de la radicalisation des jeunes.
Avec l’effondrement de l’Etat islamique, comment a évolué le phénomène djihadiste ?
En 2013, le radicalisé était celui qui avait l’intention de partir sur le front de guerre en zone irako-syrienne. Aujourd’hui, les départs sont quasiment nuls. La communication de Daesh est révélatrice : elle demande à ses convertis de rester sur place, là où ils résident, pour commettre des attentats.
Une autre évolution notable réside dans la perméabilité que nous observons depuis deux ans entre délinquance et terrorisme. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un petit dealer se retrouver à prôner un islam des plus intégristes. Ainsi, des formes hybrides sont apparues entre deux réseaux qui étaient jusque là séparés, du moins au niveau local.
Quel est l’objectif de ce projet qui associe plusieurs villes ?
C’est un projet mis en place au niveau européen dirigé par des universitaires et des institutions de l’Etat. Aujourd’hui des villes comme Nice, Carcassonne, Toulouse, Berlin et Madrid font partie du projet. Mais la radicalisation n’est pas qu’un phénomène de ville. Elle est présente au niveau rural dans certaines communautés salafistes qui se sont retirées du monde et n’interviennent plus dans la relation sociale. Une situation que l’on retrouve également dans les petits comme les grands quartiers.
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Prévention de la radicalisation : la parole des chercheurs
Sommaire du dossier
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