« Il n’y a pas de cohésion territoriale sans reprise économique forte. » Jean-Luc Rigaut, président de l’Assemblée des communauté de France (ADCF) et du Grand Annecy a défendu le besoin, pour les collectivités, de « réindustrialiser les territoires – tous, pas seulement les métropoles », lors de la 13e journée des présidents d’agglomération et de métropoles, le 30 mai 2018. Pour accompagner la croissance qui s’améliore et les entreprises qui s’installent ou s’agrandissent, l’AdCF veut lancer un « pacte productif ». Elle a publié sur son site une version « martyre », selon le terme de Nicolas Portier, son délégué général. Ce texte est appelé à être amendé afin de parvenir à une version définitive pour le congrès de l’AdCF, en octobre.
Intitulée « Pour une mobilisation générale autour d’un nouveau pacte productif ! Quand les territoires s’engagent », la journée a ainsi permis d’échanger, entre collectivités et entreprises, sur les besoins qui permettront aux industries de se redéployer en France. Et de détailler des axes de travail à améliorer.
Donner une meilleure image de l’industrie
« Il y a des préjugés terribles et une méconnaissance de l’industrie », rapporte Bruno Grandjean, président de l’Alliance pour l’industrie du futur (AIF) et de la Fédération des industries mécaniques (FIM). D’où la volonté, il y a une quinzaine d’années, de faire passer la France dans une économie purement tertiaire. « Or, une usine est plus importante pour un territoire qu’un centre commercial », assure le chef d’entreprise. Les nouvelles installations posent d’ailleurs toujours problème dans certains territoires où les riverains sont réticents car « l’industrie reste vue comme une activité dangereuse et polluante », rappelle Frédéric Sanchez, président de la métropole Rouen Normandie.
« Il faut avoir un discours positif sur l’industrie, montrer que c’est un secteur qui recrute, avec de vraies possibilités de carrière pour les jeunes », abonde Carole Delga, présidente de la région Occitanie. Le numérique permet de donner une meilleure image de l’industrie avec un bémol, nuance Pierre Veltz, ingénieur et économiste :
C’est une excellente nouvelle que des jeunes se lancent dans la création d’entreprises, mais ce ne sont pas les start-up qui vont sauver l’emploi.
Mais le numérique est porteur pour l’intégralité de la filière industrielle car les entreprises doivent prendre ce tournant si elles veulent survivre. Ce qui suppose le déploiement de la fibre sur tout le territoire…
Simplifier les démarches
« Pour le chef d’entreprise, il faut une entrée unique », a développé Carole Delga. En Occitanie, région et intercommunalités ont allié leurs forces. Les patrons n’ont qu’un dossier à remplir qui est ensuite envoyé au bon interlocuteur, sans qu’ils aient à intervenir. Une pratique qui se met en place dans la plupart des régions.
Mais le problème des entreprises, c’est également le temps. « Le temps économique n’est pas le temps politique, rappelle Elizabeth Ducottet, co-présidente du Mouvement des entreprises intermédiaires. Nous, on ne peut pas attendre. » En moyenne, il faut actuellement huit ans entre le projet d’installation d’une industrie et son arrivée réelle sur le territoire. « Il faut deux fois moins de temps en Belgique que dans les Hauts-de-France », détaille le président de région Xavier Bertrand. Dans sa collectivité, il a donc signé un contrat d’implantation avec l’Etat pour, « dans le cadre de la loi, avoir une vraie souplesse » sur la réglementation et pouvoir accélérer les demandes administratives. « Pourquoi seulement dans les Hauts-de-France ? » a-t-il conclu.
Trouver du foncier
Mais même quand les démarches administratives suivent leur cours, la question du foncier est parfois cruciale. A Rouen, les demandes des grandes entreprises pour se développer ne sont pas simples à satisfaire, même quand il y a des emplois à la clé. « Ferrero me demande 7 hectares pour se développer et garder sa compétitivité, nous avons un mal de chien à trouver », se désole Frédéric Sanchez. Les terrains dans les métropoles sont chers, et les anciens terrains industriels pas forcément adaptés. « Ils sont souvent pollués, il faut les recycler ce qui coûte environ un million d’euros l’hectare, donc on abandonne… »
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