« Sortir des sentiers battus. » C’est l’invitation faite aux élèves de l’ENA et de l’Inet le 18 mai à Strasbourg par Edouard Philippe. Le Premier ministre a incité les futurs énarques et hauts fonctionnaires territoriaux à multiplier les expériences pour enrichir leur parcours et leur capacité à servir. Une mobilité « dans tous les sens » : de l’Etat vers la territoriale (et, en principe, réciproquement) et, bien sûr, du public au privé (avec, même, un billet de retour assuré !).
Tous azimuts
Renforcer la mobilité, c’est un objectif que personne ne conteste. Les employeurs territoriaux ne rechignent jamais à intégrer un ingénieur de l’Etat dans leurs services. Les cadres territoriaux sont en réalité satisfaits de savoir que les portes des services de l’Etat leur seraient plus largement ouvertes.
Depuis longtemps, les associations de territoriaux réclament la mise en place de quotas pour assurer une réelle mobilité entre les agents des trois versants, et notamment de la territoriale vers l’Etat. Plus encore, l’Association des administrateurs territoriaux français se dit favorable à un rapprochement des trois versants en un seul « cadre d’emplois des administrateurs publics » ou la généralisation du dispositif de détachement de tous les agents de la catégorie A +.
« Noblesse d’Etat »
Le hic, c’est que cette ultramobilité dont bénéficie déjà « la noblesse d’Etat » risque bien de ne profiter qu’aux cadres supérieurs. Car, plus le niveau de responsabilité diminue, moins la mobilité est effective. C’est alors au management de prendre le relais, explique Philippe Laurent, pour permettre des évolutions de carrière au sein d’une même collectivité, notamment en changeant de service.
Les agents de la catégorie B risquent ainsi de rester à quai de cette nouvelle mobilité. C’est certainement injuste et maladroit, à l’heure où tout le monde s’alarme du malaise des cadres intermédiaires.