La phase de diagnostic du programme Action publique 2022 va bientôt prendre fin. Le gouvernement a tiré publiquement, mercredi 2 mai, les enseignements de la consultation des agents et des usagers, à la fois sur la plateforme numérique dédiée et au cours des ateliers et événements RH organisés en région.
Pour ces derniers, seulement 18% des participants relevaient de la catégorie C, alors qu’ils représentent 46% dans la fonction publique. Les deux autres catégories étaient surreprésentées : 32% pour la « B » (20% dans la fonction publique), 41% pour la « A » (34%).
Grands enseignements
Cette surreprésentation pourrait expliquer le premier « grand enseignement » de la consultation : « les agents souhaitent que la priorité soit redonnée à l’encadrement intermédiaire, le ‘management du quotidien’. Il faudrait que les encadrants soit mieux associés, mieux reconnus » et eux-même mieux encadrés, relève Olivier Dussopt, secrétaire d’État en charge de la Fonction publique. Le gouvernement a également pu constater une demande « assez forte » concernant le développement de la prévention ainsi que la mise en œuvre plus large du télétravail.
Autre « grand enseignement » : si la dématérialisation croissante est le premier motif de satisfaction des contributeurs, le fait qu’elle devienne un jour « totale » effraie tant les usagers que les agents. « Beaucoup craignent que cela se traduise par une perte de contact humain », retient Olivier Dussopt. « Il y a aussi de l’appréhension technique de la part des usagers. »
De manière générale, l’action des services publics tend à se dégrader pour 66 % des agents et 60 % des usagers, plus particulièrement chez les plus âgés. La réduction des effectifs est un indicateur pour 24% des agents (les usagers ne l’ont pas évoqué), comme la fermeture des services publics (13% des agents et 8% des usagers).
Ne pas changer le périmètre du service public
Pour améliorer les services publics, il faut avant tout, selon ces derniers : simplifier les démarches, réduire le délai de traitement des demandes et élargir les horaires d’accueil (selon 10% des agents et 16% des usagers). En revanche, peu de répondants souhaitent que des missions soient crées, abandonnées ou confiées à d’autres acteurs.
Tous ces éléments, le gouvernement « ne les avait pas mesurés », avoue le secrétaire d’État. Ils seront enrichis « dans les prochaines semaines » par le rapport du comité d’experts Action publique 2022 (CAP 22). Le ministère de l’Action et des Comptes publics est en attente d’un rapport « le plus documenté possible et notamment financièrement étayé », explique Olivier Dussopt.
« Le dialogue social n’est pas rompu »
Le secrétaire d’État assure que les syndicats pourront s’exprimer sur le rapport du CAP 22, à travers le comité de suivi Action publique 2022. Avant d’ajouter qu’ils seront par la suite « informés » des décisions prises et comme du rythme de calendrier de mise en œuvre de la réforme. De quoi apaiser l’intersyndicale qui regrette une posture gouvernementale jusqu’à présent « fermée et univoque » et appelle à la mobilisation le 22 mai prochain ?
Le secrétaire d’État en charge de la fonction publique n’a pas la même vision. De son point de vue, « le dialogue social n’est pas rompu ». Preuve en est : personne n’a jusqu’ici quitté la table des négociations, le gouvernement les a « écouté » en avançant le rendez-vous salarial au mois de juin, ou encore plus récemment, en tenant compte des préconisations de l’Unsa et de la CFDT sur le projet de loi « liberté de choisir son avenir professionnel ». « Je suis en attente de propositions de leur part. »
« Opération de communication »
« Une opération de communication qui vise à légitimer les mesures que le gouvernement s’apprête à prendre pour la Fonction publique. » La FSU qualifie ainsi la restitution des travaux de la consultation des agents et usagers. Selon le syndicat, l’idée d’accompagner « rapidement la baisse des dépenses publiques » prédomine largement sur les « innovations » visant à améliorer la qualité des services publics et les conditions de travail des agents. Mylène Jacquot (CFDT) rappelle de son côté que « la somme des paroles individuelles ne fait ni le collectif ni l’intérêt général ». Et ce d’autant plus que le taux de participation des usagers est de 0,03% pour les usagers et de 0,2% pour les agents, pointe la FA-FP. A noter que la CGT et Solidaires boycottaient quant à eux l’événement.
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés