Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire (ESS) ? Comment la définir ? A quel champ appartient-elle ? C’est sur ces questions que nombre d’élus et d’acteurs des collectivités butent encore, déstabilisés par les formes multiples et transversales qu’emprunte l’ESS. Associations, fondations, mutuelles, coopératives en sont les structures originelles. Depuis 2014, les sociétés commerciales peuvent également revendiquer l’appartenance à cet écosystème, à la condition de respecter les valeurs liées à la solidarité et à l’utilité sociale. Le mode de gouvernance doit être démocratique et les bénéfices réinjectés dans l’organisation. Les champs travaillés par l’ESS sont, eux aussi, variés. Relevant traditionnellement d’une économie de la « réparation », l’ESS a aujourd’hui largement étendu son spectre d’actions en direction de l’innovation sociale, la transition écologique et du numérique.
Mais sa marque de fabrique est, sans aucun doute, son ancrage territorial. L’ESS vise à répondre aux besoins du territoire par les acteurs locaux, une spécificité qui en fait un interlocuteur naturel des collectivités. Et c’est d’ailleurs cette coopération « collectivités-ESS » que la loi du 31 juillet 2014 doit favoriser en structurant la filière et en jetant des ponts (conférence régionale de l’ESS, clauses sociales dans les marchés publics) entre ces deux mondes qui se côtoient sans toujours se comprendre. Car, sans la bienveillance publique, nombre de structures ne pourraient pas voir le jour face à la concurrence de la loi du marché. Une relation qui n’est pas pour autant à sens unique, loin s’en faut !
Un potentiel d’emplois
De nombreux élus ont déjà compris les gains territoriaux qu’ils peuvent espérer en soutenant cette économie alternative. « Je sais très bien qu’aujourd’hui plus aucune entreprise classique ne va arriver chez nous avec des milliers d’emplois. Cette période-là est révolue, constate Marie Meunier-Polge, conseillère régionale d’Occitanie, déléguée à l’économie sociale et solidaire. Et justement, avec l’ESS, vous avez un potentiel d’emplois ! Bien sûr, ce sera trois emplois, par-ci, six, par-là, ou douze, ici. Mais ils sont solides et non délocalisables. »
L’Europe, grâce à ses fonds structurels, encourage d’ailleurs ces initiatives locales et accompagne de plus en plus de collectivités et de porteurs de projets socialement responsables. L’ESS impose donc de penser l’économie autrement, la politique également. Un pari d’avenir ?
Cet article fait partie du Dossier
Economie sociale et solidaire et collectivités territoriales : un couple à fort potentiel
1 / 15
article suivantSommaire du dossier
- L’économie sociale et solidaire, encore inclassable, un jour incontournable ?
- ESS : les lois « Hamon » et « Notre » ont rebattu les cartes dans les territoires
- Les points clés de la loi pour l’économie sociale et solidaire
- ESS et collectivités territoriales : passer d’une politique de soutien à une politique de « faire avec »
- Economie sociale et solidaire : une politique encore en quête de légitimation
- Hugues Sibille : « La puissance publique ne doit pas se sentir menacée par l’innovation sociale »
- A la recherche de nouvelles formes de partenariat pour l’ESS
- SCIC : une nouvelle alliance public-privé
- « L’économie sociale et solidaire implique un partage du pouvoir politique »
- Les circuits courts économiques et solidaires : comment en faire des leviers
- ESS : des fonds européens sont possibles… si l’on y met la forme
- Comment les régions utilisent les fonds européens pour soutenir l’ESS
- Comment l’Europe appréhende l’économie sociale et solidaire
- Economie sociale et solidaire : 75% des plus grandes coopératives ont leur siège en région
- Rapport Frémeaux sur l’ESS : pour une autre méthode de mesure de l’utilité sociale
Thèmes abordés