Si l’on considère que la négociation est un art, il faut aussi admettre qu’il existe plusieurs écoles. Art primitif, naïf, impressionniste, néoréaliste, moderne… De quelle école relève la façon dont le gouvernement Philippe exerce la négociation ? Une interrogation d’autant plus d’actualité que la contractualisation, promue au rang de méthode adaptée, agile et en prise avec la réalité, est de tous les chantiers gouvernementaux. Il faut alors revenir sur la définition du contrat. « Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes, destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations » (art. 1101 du code civil). Un accord de volontés, donc.
De l’esquisse au rendu
Alors que seule l’Association des maires de France avait boudé la conférence nationale des territoires de Cahors livrant les premières esquisses des contrats entre l’Etat et 322 collectivités, c’est désormais l’ensemble des associations représentant les collectivités qui font bloc contre le gouvernement, une fois le détail de la mise en œuvre de ces contrats connus. Autre chantier lourd : refonder le contrat social avec les agents. La concertation avec les organisations syndicales, lancée le 29 mars, est mal embarquée. Certains des syndicats présents considèrent s’être fait flouer jusque-là et s’interrogent désormais sur leur participation future ; d’autres attendent que la concertation annoncée commence réellement…
Diversion
Le gouvernement, parce qu’il y a urgence, parce qu’il faudrait mener tous les chantiers de front, parviendra-t-il à agir en réelle concertation ? Le souhaite-t-il vraiment ? Il semble pourtant savoir faire preuve de réalisme. Il indique, discrètement, avoir renoncé au projet présidentiel de décorellation du point d’indice. A moins que la présentation de cette mesure n’était qu’une technique de négociation « musclée » : annoncer le pire et l’inacceptable, pour ensuite le retirer, en gage d’écoute de l’autre. Une manœuvre de diversion, en quelque sorte.