Mutualiser les données des collectivités et de leurs partenaires au sein d’une plateforme nationale ouverte, qui leur permettrait d’imaginer de nouveaux services en croisant les données, dans une démarche de smart city… Pourquoi pas ? Cette idée, l’association Ozwillo y travaille depuis sept ans, dans le cadre d’un projet européen qui a mobilisé quarante chercheurs de différents pays et près de quatre millions d’euros en recherche et développement. Déjà opérationnelle pour une centaine de collectivités françaises — 250 en Europe —, la plateforme collaborative de mutualisation des données qu’ils ont créée se veut un outil au service des territoires.
« Le code logiciel et les modèles de développement constituent un bien commun qui appartient à tous, et non un bien propriétaire », précise Sophie Houzet, déléguée générale d’Ozwillo. L’association, qui évoluera bientôt sous forme de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), intervient comme tiers de confiance reposant sur une communauté d’acteurs publics et privés. Son objectif : faciliter les adhésions par sa neutralité et favoriser la réutilisation des données au sein d’un même territoire, dans un portail local personnalisé. Dialoguer avec un tiers incite des éditeurs privés, comme Cyril, Berger-Levrault ou d’autres, à croiser leurs données, ce dont ils n’ont pas l’habitude.
Relier services publics et privés
Plateforme neutre qui peut relier tous types de services, Ozwillo a « pour particularité de faire de la liaison de données, géographiques, documentaires… ou linked data », poursuit Sophie Houzet.
Archivées sous le même format, utilisant le même langage, elles peuvent être lues par n’importe quelle application en vue d’être réutilisées, mais aussi liées à des référentiels d’instituts statistiques nationaux.
Ce « socle » permet de relier les services publics et privés grâce au partage des données dans tous les domaines : transport, tourisme, inscription scolaire, déclarations à la mairie… Stockées en France, les données peuvent être partagées, liées, analysées ou encore publiées en open data et répondre ainsi aux exigences de la loi pour une République numérique du 7 octobre 2016. Elles ne sont pas monétisées.
Après une simple adhésion, la collectivité utilise Ozwillo sous son propre logo, en « marque blanche ». Il lui reste ensuite à convaincre ses prestataires (éditeurs de logiciels, délégataires…) de verser les données dans la plateforme. Tout se fait ensuite automatiquement. Une demi-heure suffit, après une petite formation, pour créer sa propre instance d’affichage des données. Le citoyen dispose d’un identifiant unique pour gérer ses informations personnelles, effectuer ses démarches d’e-administration, bénéficier des applications de ville intelligente, ou encore inventer des solutions a partir de l’open data.
Service public local de la donnée
Selon Jean-Luc Sallaberry, chef du département numérique de la FNCCR, cette plateforme préfigure un service public local de la donnée. Partenaire d’Ozwillo, l’association d’élus encourage ses collectivités-membres à y adhérer et à faire adhérer leurs prestataires et délégataires, espérant favoriser la concurrence et « casser les monopoles ». Car « les données de service public appartiennent aux collectivités, rappelle Jean-Luc Sallaberry. Que les prestataires qui travaillent pour la collectivité maîtrisent le système d’information est un « défaut majeur ».
La SCIC réinvestira au minimum 57% des revenus pour maintenir l’infrastructure et la faire évoluer selon les besoins des utilisateurs. Elle devrait lever 2 à 3 millions d’euros.
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