Lors de l’hommage au colonel Beltrame aux Invalides, le 28 mars, le chef de l’État, tout en saluant « l’esprit français de résistance » de ce gendarme qui s’est sacrifié pour sauver la vie d’une otage, a ainsi appelé « chaque citoyen à un regain de vigilance et de civisme face à l’islamisme souterrain ».
- Hommage national au « héros » Beltrame, le gouvernement répond aux critiques
En première ligne dans ce labeur quotidien, on retrouve –en parallèle des services de renseignements et parfois même en amont – les travailleurs sociaux. Et dans ce sens, l’étude des sociologues Laurent Bonelli et Fabien Carrié, de l’Université de Nanterre, peut être éclairante.
4 profils de « radicalité »
Les chercheurs ont travaillé 18 mois, ont épluché 133 dossiers de mineurs suivis par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), ont mené 57 entretiens avec des professionnels et assisté à 6 audiences de mineurs poursuivis pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste (AMT).
« Nous avions affaire à une extraordinaire variétés des comportements (conversion à un islam rigoriste, insultes à policiers, départs en Syrie, préparations d’attentats, etc.) tous regroupés sous le même vocable ‘radicalisation’ » a ainsi constaté Laurent Bonelli. « Pour opérer une classification, nous avons alors décidé de revenir aux causes, afin de comprendre ce que les actes signifiaient pour ceux qui les avaient commis ». Dès lors, les chercheurs ont travaillé sur deux questions-pivot : est-ce que cette appropriation du registre subversif de la radicalité se fait individuellement ou dans le cadre d’un groupe ? Est-ce qu’elle structure fortement les identités ou pas ?
Quatre registres de radicalité ont été ainsi identifiés par les sociologues :
- La radicalité ...
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Prévention de la radicalisation : la parole des chercheurs
Sommaire du dossier
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