La loi « Notre », le désengagement de l’Etat, des collectivités sous pression financière… « Nous avons eu très peur en 2017. Mais nous avons réussi à traverser cette période difficile et nos chiffres sont extraordinairement satisfaisants ». A deux mois de son université dédiée aux « Entrepreneurs, acteurs de l’économie de demain » (du 6 au 8 juin), Louis Schweitzer, le président d’Initiative France, le premier réseau associatif français de financement et d’accompagnement des créateurs, repreneurs et développeurs d’entreprises, affiche un large sourire.
Il y a quelques mois seulement, l’horizon semblait pourtant noir. « Dans le cadre de la loi Notre (qui a transféré aux Régions la compétence de l’accompagnement des demandeurs d’emplois à la création et à la reprise d’entreprise, ndlr), les prêts Nacre et les crédits d’accompagnement ont été supprimés. Or, ces prêts bénéficiaient chaque année à 5 ou 6000 de nos porteurs de projets ! Ces prêts ont certes été remplacés par des prêts à taux zéro financés par la Caisse des dépôts, mais le montant total a diminué de moitié en 2017 », dénonce l’ex patron de Renault, qui pointe du doigt le « désengagement de l’Etat ».
Un avenir qui a été en suspens pendant quelques mois
A la suite de la loi Notre et de la fusion de certaines régions, ces dernières ont renforcé leur action en matière de développement économique. Un bon point donc en apparence pour Initiative France.
« Mais allaient-elles continuer à nous soutenir ? Et, si oui, à quelle hauteur ? Pour nos plateformes, la loi Notre a été une véritable source d’angoisse », reconnaît Louis Schweitzer. Un an plus tard, le soulagement est de mise.
« Nous sommes des acteurs de proximité essentiels au développement économique. Les Régions et les EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale) ont pris le relais. De notre côté, nous avons renforcé notre échelon régional pour avoir une meilleure capacité de dialogue. Au final, le travail de nos plateformes n’a été nullement affecté par la loi Notre », conclut, rassuré, l’ancien dir cab de Laurent Fabius.
43 128 emplois sauvegardés ou créés
Les chiffres sont en effet éloquents. Malgré ce contexte compliqué, en 2017, les 223 plateformes locales ont accompagné 16 416 entreprises, de la création d’un commerce en zone rurale à la start-up innovante, en passant par des projets de reprise ou de première croissance. Au total, 43 128 emplois ont été sauvegardés ou créés et 28 832 sont des créations pures.
Preuve de l’efficacité du dispositif, trois ans après leur création, plus de 9 entreprises sur 10 sont toujours en activité, contre 7 sur 10 pour l’ensemble des entreprises. « L’accès au financement est au centre de notre service. Il est toujours associé à un accompagnement de proximité de l’entrepreneur. C’est cette double action qui permet à 91% des entreprises soutenues d’être toujours en activité trois ans après », estime Louis Schweitzer.
Forte de ses 33 ans d’expérience, France Initiative entend intensifier encore son action, notamment dans les territoires fragiles. « Dans certains quartiers, le seul moyen de trouver un emploi, c’est de le créer. Nous voulons investir davantage nos forces dans les banlieues », explique l’ex-président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde).
En 2017, 800 porteurs de projets ont implanté leur société dans un quartier dit prioritaire. France Initiative s’est fixé pour objectif de, à minima, doubler ce chiffre d’ici à 2020.
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