Sur le petit cycle de l’eau, il faut faire face au vieillissement des réseaux, à l’assainissement de temps de pluie, aux pollutions émergentes, à la mise à niveau de l’assainissement non collectif sur les périmètres de protection des captages, les zones conchylicoles… Cela entraîne des coûts considérables.
Pour ce qui concerne les réseaux d’eau potable, l’Union nationale des industries et entreprises de l’eau (UIE) met en avant un sous-investissement de renouvellement sur une durée de près de vingt ans, en évoquant un déficit annuel d’investissement abyssal.
Au sujet de l’assainissement, les efforts financiers très importants consentis pendant de nombreuses années sur les stations d’épuration ont été faits au détriment des réseaux, qui représentent toujours la variable d’ajustement.
« Le rythme de renouvellement actuel de 0,58 % pour l’eau potable et de 0,43 % pour l’assainissement ne permet pas le maintien de ce patrimoine », rappelle Alain Grizaud, président de l’organisation professionnelle Les Canalisateurs (ex – Canalisateurs de France).
Une bombe à retardement
A cette cadence, le remplacement des canalisations prendra près de deux cents ans, soit bien plus que leur durée de vie. C’est une véritable bombe à retardement, qui reporte sur les générations futures un poids financier excessivement lourd. Lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé, au dernier congrès des maires, dans son discours du 23 novembre 2017, une grande consultation nationale sur la gestion de l’eau en 2018, c’est ce problème de renouvellement des infrastructures d’eau et d’assainissement qu’il a mis en avant au premier chef.
Plus globalement, pour répondre aux besoins du petit cycle, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) estime que les 6,5 milliards d’euros actuels investis chaque année dans les infrastructures doivent être portés à environ 10 milliards d’euros.
Le delta est constitué de 2 milliards d’euros nécessaires pour atteindre un taux de renouvellement correct des réseaux et de 1,5 milliard pour répondre aux autres enjeux.
« Les 6,5 milliards d’euros actuels sont financés essentiellement par la facture d’eau, qui ne peut pas en assumer plus. Il faudra trouver d’autres sources de financement », expose Bertrand Camus, président de la FP2E. Parmi les défis à relever, il s’agira aussi d’homogénéiser la qualité de l’eau pour tous les consommateurs, car il y a aujourd’hui « une véritable fracture territoriale », selon la FP2E.
La fédération appuie ce constat sur plusieurs indicateurs : un taux de non-conformité de la
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La gestion de l'eau et ses méandres
Sommaire du dossier
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